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    17 octobre 2016    

GRANDE TERRE, L'EST ET LE NORD    

Passé cette vaste zone minière, nous nous immergeons en terre kanak. Ici ne vivent ni Caldoches, ni Zoreilles et, tout le long de la côte Est, la route n'est que succession de tribus et de nature. Un petit panneau à l'entrée indique le nom de la tribu que l'on est en train de traverser. Si l'on ne voit que rarement les habitations depuis la route, on trouve en revanche partout des petits stands fabriqués de tôles et de bois proposant la vente en libre service de fruits, légumes, plantes ou toutes sortes d'objets faits main par les habitants. Nous croisons beaucoup de Kanaks marchant le long des routes, faisant du stop ou se reposant en petits groupes à l'ombre. Nous sommes sidérés de découvrir que tous, quel que soit leur âge ou ce à quoi il sont occupés, s'arrêtent au passage de Tata Monique pour nous saluer jovialement. Les Kanaks forment un peuple très ancré dans la tradition coutumière, pour qui le respect et les rituels sont des éléments fondamentaux. Ainsi, il est hors de question de s'arrêter pour se prommener dans une tribu ou photographier ses lieux sacrés sans en demander au préalable l'autorisation au chef, de même que rouler au delà de 30 Km/h peut être considéré comme une offense. Bien que tous ceux que nous croisions soient accueillants et serviables, nous ne savons pas vraiment où se situe la limite entre ce que nous pouvons faire ou non. Traverser une tribu vous fait instinctivement vous sentir étranger à celle-ci !

 

Si la place du touriste dans la tribu kanak n'est pas toujours facile à appréhender, bien d'autres aspects de ce pays nous déroutent et nous sortent de notre « zone de confort ». Il faut déjà s'habituer à la course du soleil : levé dès 5h30, il se couche à 18h et une demi-heure plus tard, un noir de suif étreint la Nouvelle-Calédonie. Nous devons donc stopper nos vagabondages tôt dans l'après-midi pour trouver un camping où installer notre fatras et faire quelques courses pour les agapes du soir. Si nous dressons notre camp chaque soir dans des lieux magnifiques, nous sommes presques toujours seuls car le tourisme n'est pas encore réellement développé. Sur les routes comme dans les campings on ne croise que très peu de voyageurs et beaucoup de ceux-ci sont des Zoreilles en vacances (donc plus ou moins des locaux eux aussi). Les infrastructures d'accueil ne sont pas légion, les restaurants et bars se font rares en dehors de Nouméa et les panneaux de signalisation touristique sont carrément inexistants. Transport, hébergement ou repas, il est indispensable de tout réserver à l'avance, ce qui n'est pas vraiment dans nos habitudes de voyage. Les informations que nous réussissons à glâner dans les guides et offices de tourisme sont même parfois erronées : événement ou ferry annulés, projections de films reportées, snack ou épiceries fermées, tarifs incorrects... Bref, la NC nous donne du fil à retordre et bouscule nos habitudes ce qui rend le voyage aussi compliqué qu'authentique !

 

En poursuivant notre remontée vers le Nord, la sécheresse qui touche le pays depuis plusieurs mois est telle que nous assistons en une seule journée de route à non moins de trois feux de forêt ! Nous arrivons dans la jolie bourgade de Hienghène qui est renommée pour ses formations calcaires impressionnantes. Sur terre des pans de roche sombre et déchiquetée se dressent au cœur de la forêt sur toute la longueur de la côte, tandis qu'en mer, des îlots remarquables se sont formés dont la fameuse Poule Couveuse de Hienghène.

Ce soir là, nous dressons notre campement sans avoir eu l'occasion d'acheter de quoi cuisiner, mais nous avons de la chance car Hienghène, « grosse » ville pour le Caillou, est dotée de deux restaurants. L'un est complet, l'autre est un hôtel trois étoiles qui nous accueille volontiers. Nous passons une belle soirée sur fond de musique locale, cocktails parasols, palet vendéen et buffet de mets Néo-Calédoniens !

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ET APRES ...

Nous quittons la Nouvelle-Zélande plus que satisfaits du temps passé en terre kiwi, repus de ce beau pays mais avides de goûter à « l'aventure » Calédonienne, ses beautés, ses délices et sa culture.

En très bref, pour ceux qui seraient un peu perdus : la Nouvelle-Calédonie se situe à 1 800 kilomètres au Nord de la NZ, elle englobe une grande île (appelée Grande Terre ou Caillou) ainsi que plein d'autres plus petites et d'îlots qui s'y rattachent. C'est, à l'origine, un territoire habité par les Kanaks : un peuple établi sous forme de tribus familliales et vivant paisiblement de chasse, de pêche et d'eau fraîche. Colonisé par quelques-uns de nos sympathiques ancêtres ayant eu la charmante idée d'en faire une terre de bagne, c'est aujourd'hui un territoire français qui, suite à des révoltes sanglantes et la ratification de traités, s'est forgé un statut d'autonomie grandissante dans l'idée de retrouver l'indépendance dans un futur proche. Du fait de ce lourd passé, les 270 000 habitants du pays (comparable au peuplement de l'Aveyron) forment une population hétéroclite et divisée en ethnies pas franchement miscibles : le peuple aborigène kanak vivant encore aujourd'hui en tribus, les caldoches (descendants des colons et bagnards français) et ceux qu'on appelle ici les « zoreilles », les métropolitains installés là pour quelques années.

 

Le spectacle Calédonien commence dès l'avion : nous survolons la barrière de corail, les îlots, puis Grande Terre, ce qui revient un peu à se faire percuter de plein fouet par une nuancier pantone !! La profondeur du bleu de l'océan se mêle au turquoise des lagons, à la blancheur lumineuse des lagunes de sables, au rouge intense des terres arides ainsi qu'à toute la panoplie des verts de la végétation locale.

Une fois débarqués, nous remarquons que la température est montée d'un cran, que tout le monde nous salue en français et comprend ce que nous nous racontons, que la conductrice de la navette qui nous ramène à Nouméa (la capitale) roule à droite... il n'y a plus de doute, nous avons bel et bien quitté la Nouvelle-Zélande !

 

Nous avons rendez-vous avec Marie-Ange qui nous accueille avec une gentillesse infinie.

En quelques mots : Marie-Ange est une amie d'Yves-Robert, en Nouvelle-Calédonie elle est une zoreille : elle vit là depuis quelques années pour des raisons professionnelles et en repartira dans peu de temps, lorsque sa retraite sera prononcée. Elle est très active et dynamique, travaille à la cour territoriale des comptes, voyage beaucoup et rapporte quantités de souvenirs dont elle parsème son bel appartement. Elle est pyrénéenne de souche et de cœur et brûle d'impatience de pouvoir retourner dans sa maison lourdaise pour se rapprocher de ses racines et de sa famille.

Nous partageons deux repas ensemble dont elle profite pour nous gaver de fromage, de charcuterie et de bon vin (ce qui tient de la jubilation extrême après neuf mois en territoire anglicisé) puis de produits locaux et de champagne.... On se régale !!! Nous discutons longuement, ce qui nous permet, entre autres, d'échanger sur les us et coutumes du pays et sur les lieux à ne pas manquer.

En parallèle, nous dormons dans l'une des deux auberges de jeunesse du pays (dont les chambres ont comme un faux air de cellule de prison) et profitons de notre passage sur Nouméa pour organiser un peu notre séjour... mieux vaut tard que jamais !

Nous décidons de commencer par la découverte de Grande Terre mais, comme nous ne disposons que de peu de temps, nous optons pour la location d'une voiture… ce qui s'avère moins aisé que nous ne l'aurions cru car nous tombons en pleine période de vacances scolaires doublées du tour cycliste de Calédonie (équivalent du tour de France local). Après plusieurs échecs et quelques kilomètres de marche sous un soleil de plomb, nous débusquons notre nouvelle super copine de voyage : Tata Monique (oui, oui, c'est un peu bizarre, mais c'est son nom quand même), une petite Chevrolet toute neuve avec direction assistée, climatisation, rétroviseurs rétractables, caméra de recul et tout le tintouin. Ça nous change d'Alphonse !!!

Nous voilà donc de nouveau sur les routes, prêts à réapprendre à conduire du bon côté !

La première étape du voyage est d'ordre purement pratique, arrêt obligatoire à Décathlon. Nous devons y trancher un débat qui nous anime depuis plusieurs jours : dormirons-nous en tente ou en hamac ? La comparaison pointue du ratio prix / poids / encombrement est sans appel, ce sont les hamacs qui remportent la compétition haut la main (et puis c'est quand même vachement plus fun) ! Nous investissons aussi dans de bonnes moustiquaires et deux bâches pour nous protéger de la pluie. Nous sommes parés !

 

Nous attaquons l'ascension de l'île en longeant la côte Ouest. La route serpente au pied des collines dans une végétation luxuriante et longe quantité de baies aux eaux translucides. Nous faisons un arrêt à Boulouparis, dans une distillerie de Niaouli (arbre endémique aux nombreuses vertus) où nous discutons longuement avec le très sympathique bouilleur de cru qui nous livre ses secrets de transformation, agrémentés de conseils quant aux lieux à ne pas manquer ! Un peu plus loin, à La Foa, nous nous promenons dans un joli parc alliant cocotiers endémiques et totems kanaks qui nous rappellent un peu l'art maori.

Au cœur de l'île principale de NC s'érige une chaîne de montagnes, la route principale longe donc les côtes du pourtour du Caillou, mais il existe aussi quelques routes transversales permettant de passer d'une côte à l'autre. Nous prenons l'une d'entre elles pour rallier la côte Est au départ de Farino. C'est un bourg tout mignon niché au cœur d'une vallée magnifique où l'on décide de passer la nuit. On y visite aussi le Parc des Grandes Fougères et sa végétation tropicale hallucinante.

Le lendemain nous poursuivons notre ascension de la Chaîne qui nous permet de contempler quelques très beaux panoramas malgré une météo un peu maussade. Nous suivons pendant plus d'une dizaine de kilomètres une sorte de viaduc métallique qui nous intrigue tandis que la terre, autour de nous, se pigmente peu à peu d'une teinte rouge-orangée qui n'est pas sans rappeler celle de la rouille. En atteignant la côte nous découvrons que nous sommes entrés en plein cœur d'une zone minière d'extraction de nickel à ciel ouvert ! Nous apprenons que la structure de convoyage que nous suivions s'appelle « la Serpentine », c'est un tapis roulant acheminant les roches extraites de la mine jusqu'au port de Kouaoua. Nous roulons pendant des heures dans un paysage surréaliste où se heurtent le rouge oxydée de la terre mise à nu par l'homme au vert intense de la forêt tropicale qui recouvre la vallée...

Au cœur de l'île principale de NC s'érige une chaîne de montagnes, la route principale longe donc les côtes du pourtour du Caillou, mais il existe aussi quelques routes transversales permettant de passer d'une côte à l'autre. Nous prenons l'une d'entre elles pour rallier la côte Est au départ de Farino. C'est un bourg tout mignon niché au cœur d'une vallée magnifique où l'on décide de passer la nuit. On y visite aussi le Parc des Grandes Fougères et sa végétation tropicale hallucinante.

Le lendemain nous poursuivons notre ascension de la Chaîne qui nous permet de contempler quelques très beaux panoramas malgré une météo un peu maussade. Nous suivons pendant plus d'une dizaine de kilomètres une sorte de viaduc métallique qui nous intrigue tandis que la terre, autour de nous, se pigmente peu à peu d'une teinte rouge-orangée qui n'est pas sans rappeler celle de la rouille. En atteignant la côte nous découvrons que nous sommes entrés en plein cœur d'une zone minière d'extraction de nickel à ciel ouvert ! Nous apprenons que la structure de convoyage que nous suivions s'appelle « la Serpentine », c'est un tapis roulant acheminant les roches extraites de la mine jusqu'au port de Kouaoua. Nous roulons pendant des heures dans un paysage surréaliste où se heurtent le rouge oxydée de la terre mise à nu par l'homme au vert intense de la forêt tropicale qui recouvre la vallée...

Le lendemain, nous partons de bon matin pour une excursion sur l'îlot Hienga, proche de Hienghène et classé au patrimoine mondiale de l'UNESCO. Le temps est un peu capricieux et la traversée houleuse, nous ne sommes pas mécontent de mettre pied à terre. D'autant plus que nous sommes accueillis par un paysage de carte postale sublime : les cocotiers se bousculent pour border la plage de sable blanc couverte de coquillages et coraux en tous genres. Le lagon azur, bien qu'un peu agité, vient judicieusement compléter le tableau idyllique de ce petit bout de paradis dépeuplé. Après une courte présentation de la végétation endémique présente sur l'îlot, nous chaussons palmes, masque et tuba pour nous régaler d'une randonnée palmée. La mer n'étant pas des plus paisible, la visibilité est un peu altérée mais nous découvrons avec émerveillement les trésors marins de cette réserve naturelle. Nous sommes les spectateurs ébahis du quotidien haut en couleur de coraux et poissons que nous ne pensions jamais voir un jour en vrai (c'est un remake de Némo qui se joue à vingt centimètres de nous...) Nous ne voyons pas le temps passer à patauger gaiement, mais la houle est harassante et lorsque nous rejoignons la terre, exténués, Gaby s'ouvre le pied un peu bêtement sur un récif. Nous devons rentrer promptement au village pour soigner la blessure de guerre et finalement elle écope d'une interdiction de baignade jusqu'à ce que la plaie se referme. Autant dire qu'une interdiction de baignade en NC se rapproche plus du supplice que du soin !!!

 

Continuant toujours notre remontée formidable nous nous arrêtons à Puebo dans un camping que nous avions bien réservé à l'avance comme prévu mais où on découvre facheusement qu'il n'y a pas d'arbre de taille suffisante pour supporter nos hamacs ! Les gérants, arrangeants, nous proposent de dormir dans une de leur tente et il se trouve que c'est finalement un bon coup de bol car cette nuit là le vent et la pluie se déchaînent tandis que nous sommes bien à l'abri l'un contre l'autre dans notre petite tente !

Dans ce camping nous passons une super soirée car, une fois de plus, nous n'avons pas trouvé d'épicerie sur la route pour notre repas, mais les propriétaires organisent de grandes tablées avec un excellent buffet qui rameute même des locaux venant simplement dîner. Nous nous gavons de bons produits maison, de rhum local et rencontrons un couple de Zoreilles bretons avec qui nous discutons jusque très tard (tôt ?). Aux vues du temps qu'il nous reste pour parcourir Grande Terre, ils nous conseillent de stopper notre remontée, d'oublier une partie de la côte Ouest (moins riche en paysages et découvertes) pour nous concentrer sur le Grand Sud.

 

Dès le lendemain, nous suivons leurs conseils et revenons sur nos pas pour attraper la Kone-Tiwaka, la transversale la plus proche, et nous mettons les voiles vers le grand Sud !

 

R&G

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