
4 mai 2016
OTAGO PENINSULA
Malgré quelques très beaux rendez-vous avec la faune, lors de cette excursion sur la côte Est, le cœur n'y est pas complètement, nous sentons que nous devrions être ailleurs : Wanaka nous attire irrésistiblement. Nous voudrions travailler, rencontrer locaux et saisonniers, nous poser quelque part qui devienne -provisoirement- notre chez nous, mettre un peu de sous de côté mais aussi faire la fête... Depuis notre départ, nous avons contacté moults hôtes de WWOOFing dans l'idée de rester dans le coin en attendant le début de la saison mais peu ont pris le temps de nous répondre et nous sommes constamment dans l’expectative. Jusqu'au jour où, enfin, nous recevons une réponse positive, puis deux. Nous voilà attendus en Central Otago. Ni une, ni deux, Alphonse est dans les starting blocks et nous sommes sur la route de nouveau !
R&G

Commenter cette brève ?
Sur la route que nous suivons en direction de la péninsule de l'Otago, nous traversons quantité de vignobles aux couleurs automnales resplendissantes, puis longeons une rivière glacière dont les berges rocailleuses se transforment ponctuellement en gorges sinueuses. Nous jetons un œil à Clyde : une ville entièrement piétonne. C'est une très bonne idée sur le papier mais qui, dans la réalité, se traduit par une ville désertée aux profit des échoppes entassées face aux parkings extérieurs. Un peu plus loin, nous traversons Lawrence, une autre bourgade qui semble être restée figée dans le temps, à l'époque de la ruée vers l'or et son ambiance « far west » typique.
Enfin nous atteignons Dunedin, la ville marquant l'entrée de la péninsule. Petit cours de néo-zélandais : ne se prononce pas à l'anglaise « dioun'diine » mais à l'écossaise « deuniidine ». Nous prenons le temps de nous arrêter, d'abord pour des questions pratiques (douche, internet, dump station, etc.) mais nous en profitons pour prendre le temps d'une petite visite. C'est une ville assez quelconque qui possède toutefois quelques beaux bâtiments : la gare ferroviaire à l'architecture victorienne très travaillée, est remarquable pour le pays ; on compte aussi pas moins de trois églises en pierre à l'européenne (d'aspect extérieur en tout cas, car pour ce qui est de l'intérieur... ça n'est pas encore ça). Nous faisons un tour au jardin botanique et nous rendons à Baldwin St, l'une des rues les plus pentues au monde. De notre point de vue, c'est ici que se termine la liste exhaustive des atouts de cette ville.
Toutefois, un grand coup de chance nous pousse à visiter l'Otago Museum le dimanche 1er mai. Non pas que les Kiwi célèbrent la fête du travail mais, sans le savoir, nous débarquons au beau milieu du spectacle donné par les écoles de la ville qui se déroulent dans l'atrium du musée. Autrement dit, de jeunes kiwis de tous âges chantent et chorégraphient des chansons traditionnelles (dont une tripotée de hakas différents). C'est un événement on ne peut plus authentique et local dont on se délecte.




Le jour même, nous reprenons la route vers la péninsule à proprement parler. Notre première nuit sur place est un peu agitée : tard dans la soirée, alors que nous sommes installés sur le bas-côté d'une route peu fréquentée, une voiture passe à côté de nous en klaxonnant (ce qui est fréquent). Elle repasse quelques minutes plus tard, s'arrête à notre hauteur et quelqu'un jette une bouteille de bière vide sur Alphonse. Au troisième passage, elle réitère : une autre bouteille que Robin se fait force de leur renvoyer aussi sec. La voiture fait ainsi plus de cinq passages au cours de la nuit, et Robin veille au grain. On n'est pas serein, énervés, un peu écœurés et on dort très mal de peur que l'idée ne leur vienne d'aller plus loin. Ceci dit, ce n'est pas la première fois que l'on nous fait comprendre que les vans / touristes ne sont pas les bienvenus. Déjà à Wanghanui nous avions été en proie à de tirs de paintball ciblant -avec succès- l'intérieur du camion et couvrant de rose bonbon nos rideaux, placards, et ustensile de cuisine...
Nous passons outre cette nuit morose et poursuivons sur la péninsule jusqu'à Sandfly Bay. Joie et soulagement nous submerge lorsque nous apprenons que cette plage ne doit pas son nom à l'horrible moucheron assoiffé de sang (la « sandfly »), mais à un joli phénomène naturel : les vents prononcés qui sévissent dans la baie soulèvent de fines particules de sable qui survolent la plage (d'où « sand fly ») et lui procurent un aspect mouvant assez bluffant.
Toutefois, ça n'est pas la motivation première de notre escale dans cette baie protégée, tout l'intérêt réside dans la faune sauvage qui l'habite : otaries, lions de mer et manchots !!! Nous sommes sur la plage en début d'après-midi, or les manchots passent la journée à pêcher en mer et ne rentrent que peu de temps avant le crépuscule : on n'en verra donc pas. Les otaries, on commencerait presque à s'y habituer, elles sont partout ici ! En revanche, c'est notre première rencontre avec des lions de mer et on est très impressionnés.
Ces animaux sont énormes. Ils se déplacent difficilement sur terre et se traînent péniblement jusqu'à s'écrouler sur le sable pour se reposer. Pour autant on garde une distance respectueuse car lorsque l'un d'entre eux vous trouve trop près et vous a dans le collimateur, il vous met en garde d'un « aboiement » tonitruant, puis vous morigène d'une charge en bonne et due forme si vous persistez. Sur cette plage on en observe une petite dizaine : beaucoup d'énormes mâles allongés, un en pleine nage, une femelle blanche et plus « svelte », un bébé solitaire...
Les rochers bordant la baie sont, eux, truffés de plus petits spécimens... certainement des otaries. Mais comment en être sûr ? Comment différencier un gros mâle otarie d'un lion de mer adolescent, ou même d'un phoque ? On observe, on compare mais ça n'est que plus tard que Monsieur Google nous apportera la réponse. Voici donc la rubrique :
Culture Zoologique
la langue anglaise regroupe otarie et phoque sous le terme de « seal » pourtant, ils appartiennent bien à deux familles d'animaux différentes. Quand on le sait, on peut très facilement les distinguer :
- d'une part, contrairement aux phoques, les otaries ont de petites protubérances marquant l'emplacement des oreilles
- d'autre part, elles peuvent « marcher » en redressant le buste et en s'appuyant sur leurs nageoires tandis que les phoques en sont incapables et se traînent péniblement sur le sable.
Les lions de mer, eux, font partie de la famille des otaries. Ils sont, en quelque sorte, la réplique de leurs cousines... en énormes !

On prépare les marches du jour


On peut apercevoir les motifs dessinés par le sable volant

On prépare les marches du jour
Tous guillerets et portés par notre rencontre avec les otariidés, nous décidons de poursuivre en direction d'une plage réputée pour héberger une colonie de manchot antipodes - « yellow-eyed-pingouins » en anglais - et là dessus s'impose la seconde rubrique :
Culture Zoologique :
- le nom « pingouin », à proprement parler, ne désigne plus qu'une seule et unique espèce non éteinte : le petit pingouin, un oiseau capable de voler et vivant sur les côtes de l'Océan Atlantique.
- l’appellation « manchots » regroupe, en revanche, tout un tas d'espèces d'oiseaux marins incapables de voler et vivant dans l'hémisphère Sud.
Le sentier pour s'y rendre est bloqué par des travaux mais il en faut plus pour nous arrêter, nous dressons le camp et attendons patiemment l'arrivée du crépuscule, synonyme de retour au bercail des manchots et de la fin de la journée de travaux ! Toutefois, par pêché de bonne volonté, nous attendons trop et nous suivons le sentier au pas de course pour rattraper notre retard sur le déclin du soleil. Peine perdu, lorsque nous atteignons la plage, il fait déjà bien sombre et, si des manchots il y a eu, il sont maintenant bien au chaud dans leurs pénates. Nous rentrons bredouille, de nuit, au cœur des dunes, sans y voir plus loin que le bout de nos museaux. Un point pour les manchots, zéro pour nous.
La route qui sillonne la péninsule est très belle et nous rappelle sensiblement le Sud de la France ou l'Italie. Nous remontons la péninsule tout en longeant la côte Est jusqu'à atteindre les Moeraki Boulders. Ces globes rocheux éparpillés sont l'étonnant produit de l'érosion de la falaise bordant la plage. Une exubérante panoplie géologique est exhibée sur ce rivage : des orbite de toutes tailles dont certaines trônes fièrement sur l'étendue sablonneuse, tandis que d'autres sont à moitié ensablées et que, d'autres encore, sont ouvertes, éclatées et laissent entrapercevoir l'impénétrable cœur des rocs.
Non loin de là, le Katiki Point est recommandé par un internaute. Nulle mention de ce lieu dans nos cartes et guides, pourtant c'est un endroit saisissant. L'un de ceux dont on se rappellera, pour sûr. C'est un cap rocailleux aux airs de sanctuaire de la faune marine. Nous descendons d'abord dans une cache permettant d’observer les manchots antipodes de loin, sans les déranger. Cette fois, le timing est bon et, enfin, nous en voyons apparaître un. Puis deux. Puis trois. Puis plein ! Nous les observons longtemps, fascinés de voir de véritables manchots sauvages à une dizaine de mètres de nous. Ce sont de petits volatiles d'aspect grêles et timides, qui sautillent maladroitement sur la pierraille afin de trouver un lieu où étendre et laisser sécher leurs ailes à la douceur du soleil déclinant. Lorsqu'il nous faut quitter notre hutte, c'est à regret que nous laissons la place aux prochains curieux (français, qui plus est !). Pourtant cela nous permet de poursuivre plus en avant sur la corniche menant à la pointe sauvage où nous découvrons alors que manchots, otaries, lions de mer et lapins (!) ont choisis de vivre ici dans une harmonie naturelle, sans crainte de l'homme. C'est le moment que l'appareil photo choisit pour nous lâcher. Plus de batterie ? Qu'à cela ne tienne, on grave dans nos mémoires ce lieu magique où nous pouvons approcher la faune de très près. Tous ces animaux que nous sommes plus habitués à voir enfermé au zoo sont ici chez eux, nous sommes les curiosités exotiques ! Ils sont partout, déambulent librement autour de nous, se reposent, piaillent, aboient, s'enlacent ou se chicanent... C'est sauvage, c'est naturel, c'est beau.

La vue au réveil



La vue au réveil