
25 octobre 2016
ILE DES PINS
Sur le bateau, le barreur nous incite à prendre place sur la flèche et c'est probablement la sensation la plus incroyable de notre vie. Nous volons littéralement sur les vagues, submergés par le paysage absolument magnifique que l'on se prend de plein fouet, de même que le vent ! Dans nos têtes comme dans nos tripes se bousculent une foule de sentiments : on se sent plus heureux et libres que jamais, presque insolents d'avoir une telle chance, mais aussi avides d'en voir plus, presque inquiets que cela s'arrête, chamboulés par les ressacs, euphoriques de ce trop plein d'émotion, seuls au monde dans ce décor incroyable, mais aussi ultra-conscients de la présence de l'autre qui partage cet instant et qui, seul, peut saisir toute l'intensité du moment présent...
Un peu plus tard nous nous arrêtons au cœur d'un atoll, sur la langue de sable ivoire nommée Kutomërë. Ici il n'y a rien si ce n'est ce sable immaculé, le lagon céruléen, une petite zone arborée où nidifient des sternes, (et la cargaison humaine de notre bateau)... on se baigne au milieu de nulle part, on prend quelques photos et puis on aperçoit le fils kanak de notre guide qui, à 7 ans, se trimbale avec un serpent dans chaque main. Pas d'inquiétude, nous explique-t-il, ce ne sont que des tricots rayés !!!
Note pour ceux qui ne connaîtraient pas les espèces endémiques néo-calédoniennes : les tricots rayés sont des serpents marins qui, s'ils sont peu agressifs, sont malgré tout dotés d'un poison mortel très puissant puisqu'une fois mordu il ne vous reste qu'une poignée de minutes pour espérer vous faire soigner. Comme le dit très bien la page wikipedia dédiée au dit reptile «Les enfants de NC ont l'habitude de jouer avec eux »... on confirme !
Nous quittons la lagune pour rejoindre un spot de PMT proche de l'ilot Nuu-Ana. Contrairement à la piscine naturelle où les poissons pullulaient autour d'un petit récif peu fourni, ici le fond marin est juste sublime mais les poissons sont, eux, moins abondants. La visibilité est parfaite et on découvre des formations rocheuses et des cathédrales sous-marines couvertes de coraux et d'algues en tous genres. On est subjugués ! Ce fond marrin est habituellement le repère de requins pointes noires et pointes blanches (requins communs ici et inoffensifs... tant que l'on ne les dérange pas !) mais ceux-ci ayant été effrayés par le passage d'un bateau juste avant notre arrivée nous n'avons pas eu la chance d'en voir. C'est un peu décevant, mais ça fait partie du jeu !
Nous partons ensuite sur un bel îlot répondant au nom de Nuu-Ami pour le repas préparé au feu de bois par la famille de Monik, notre guide. Nous sommes accueillis par un chant de bienvenue traditionnel puis, assis autour de longues tablées, nous voyons offrir papaye, coco, tamarin, sirop de citron maison, langouste, pavé de thon ou poulet, riz et sauce rouge. Un régal !
La dernière étape avant le retour sur terre (au sens propre comme au figuré) est le passage dans la baie d'Upi où l'on peut parfois apercevoir des dauphins (ce qui ne sera malheureusement pas notre cas). En revanche on profite de la vue sur cette magnifique baie mystérieusement parsemée d'imposants blocs de roche. Un dernier décor de carte postale qui vient clôturer cette journée riche en émotions.
Nous nous faisons déposer au camping où nous retrouvons nos copains bretons. A l'image de la veille la soirée est belle et arrosée. Nous refaisons le monde, jouons aux cartes et discutons jusqu'au petit matin. Sur ces entrefaites, nous quittons l'Île des Pins avec dans nos sacs une liste de lectures conseillées par Sylvain, de jeux à étrenner conseillés par Charlotte et surtout des beaux copains tout neufs que l'on se promet de revoir un de ces quatre en métropole...
R&G

Commenter cette brève ?
Nous prenons place à bord d'un petit avion à hélices pour nous rendre à l'Île des Pins. Le vol ne dure que vingt-cinq minutes (ce qui laisse à peine le temps de décoller avant d'amorcer l'atterrissage !) mais c'est suffisant pour nous serrer les tripes à l'idée de voler dans un si petit avion !! Nous sommes immédiatement surpris par la douceur, le calme et la stabilité du vol... trop facile !
Nous avons aussi la chance de découvrir le fonctionnement du tout petit aéroport de l'Île des Pins qui nous change bien des gros aéroports internationaux auxquels nous sommes plus habitués. Ici une dizaine de personnes sont à l'oeuvre, ceux qui vous escortent sur le tarmac sont aussi ceux qui gèrent l'enregistrement et les bagages. Ces derniers sont transportés sur des chariots et déposés sur de grandes tables dans la salle principale. L'aéroport en lui-même ne se compose d'ailleurs que de deux salles : un « grand » hall d'attente équipé d'un guichet d'enregistrement et une petite pièce pour l'embarquement. Bref, c'est petit, c'est simple et ça marche bien, on aime !
A peine sortis de l'aéroport qui se situe grosso modo au centre de cette petite île de 150km², nous tendons le pouce dans l'espoir de nous diriger vers notre camping au Sud de l'île. Nous sommes rapidement pris par un employé de l'aéroport qui fait un détour pour nous déposer à l'entrée du camping !
Nous découvrons les lieux et, ravis du cadre, installons nos hamacs à côté d'un espace de cuisson au feu de bois. Libérés de nos pesantes maisons dorsales nous partons en exploration et suivons un sentier qui, en quelques dizaines de mètres, débouche sur la baie de Kanuméra. Nous débarquons, abasourdis, au beau milieu d'une carte postale : sous nos pieds le sable est blanc, immaculé ; la mer n'est autre que le lagon translucide qui clapote paisiblement sur le rivage ; le tout est bordé d'un écrin de cocotiers et de pins colonnaires. Ici il n'y a pas un bruit et on est presque seuls, ce qui est complètement improbable pour un lieu aussi proche du fantasme populaire de la plage paradisiaque. Nous piquons une tête dans l'eau tiède puis nous offrons quelques cocktails à base de rhum local en observant la lente révérence du soleil. L'entrée en matière sur l'Île des Pins place déjà la barre très haut !

L'atoll Kutomërë, lieu de la finale des poteaux de Koh Lanta en 2005... eh oui !

Et pourquoi on ne jouerait pas à saute-mouton sur un atoll ?!

L'heure de repartir est arrivée... trop vite !

L'atoll Kutomërë, lieu de la finale des poteaux de Koh Lanta en 2005... eh oui !

On fait nos adieux à Tata Monique !


Avec une passoire en alu fabrication maison... check !

On fait nos adieux à Tata Monique !
Le lendemain nous faisons chauffer le pouce sur le bord de la route. Nous sommes rapidement pris par un Montpelliérain qui nous emmène jusqu'à la baie d'Oro via Vao, où nous faisons un arrêt pour assister à un bref passage de l'office dominical. Chacun a revêtu son habit traditionnel le plus coloré et chante avec cœur et à gorge déployée de belles mélopées hypnotisantes.
Nous expliquons à Didier, notre chauffeur, que nous allons à la piscine naturelle de la baie d'Oro. Intrigué et pas pressé il décide de nous accompagner ! Nous discutons longuement avec ce chirurgien du genou, grand voyageur et curieux de tout. Arrivés sur place, nous laissons volontiers la voiture de côté pour marcher une dizaine de minutes entre les pins colonnaires dans une langue d'eau cristalline qui nous arrive à mi-cuisse, où les poissons nous frétillent déjà entre les jambes. Après un court passage dans les bois, se dessine enfin la piscine tant attendue : un vaste trou d'eau naturellement protégé par une ceinture rocheuse avec, en son cœur, un récif corallien abritant une multitude de poissons. A peine le temps de déposer notre fatras sur un petit coin de rivage, et nous voilà déjà la tête sous l'eau à contempler cet incroyable spectacle. Il y a des dizaines, des centaines de poissons de toutes tailles, formes et couleurs réunis autour de ce petit récif. Pas même besoin de nager dans cet aquarium en plein air : les poissons ne sont pas craintifs pour un sou et il suffit de se laisser flotter à la surface pour se faire ceindre par la faune !!! On est comme des fous et on décide de passer la journée sur place entre trempette, pique-nique, sieste et re-trempette !
Le stop sur le chemin du retour est assez folklorique :
- véhicule 1 : 7 passagers (dont 5 stoppeurs), 3 dans la benne,
- véhicule 2 : 7 passagers (dont 4 stoppeurs), 2 empilés sur des genoux,
- véhicule 3 : 8 passagers (dont 2 stoppeurs), 3 empilés sur des genoux !
Pour fêter ce retour assez improbable, nous nous offrons une bière au restaurant du camping. Ha oui, car on a oublié de vous dire mais sur l'île la vente d'alcool est tout simplement interdite : spiritueux mais aussi vin et bière sont bannis des commerces... Dur dur pour les locaux ! Ce petit apéro est l'occasion de rencontrer un couple de Bourguignons, puis nous nous invitons tous les quatre à la table de trois Bretons avec qui nous nous entendons immédiatement très bien.
En quelques mots : Yann est un Zoreille, il est installé en NC depuis un an et demi en tant qu'infirmier (...forcément !). Il est aussi photographe à ses heures perdues. Sylvain, Charlotte (et Marius leur petit garçon) lui rendent visite pour quelques semaines. Lui est historien et écrivain, elle est créatrice de jeux de société et illustratrice pour enfants... Avec quelques copains ils ont pour projet de s'installer sur un petit bout de terre bretonne dans un esprit communautaire basé sur l'échange, l'indépendance et le partage de savoirs. Comment ne pas les aimer ?!!


Une messe, bien plus vivante qu'en métropole !

Un martin pêcheur

Le lendemain est une journée un peu spéciale puisque, sur les conseils d'un expat' rencontré quelques jours plus tôt sur Grande Terre, nous partons pour un « safari nautique ». L'idée c'est de voir plein d'animaux marins grâce à une journée de bateau au cœur des baies et atolls de l'Île des Pins. C'était une journée tellement incroyable qu'il paraît difficile de la résumer à l'écrit et, n'ayant pas d'appareil photo hydrophile, nous n'avons même pas d'images pour appuyer nos propos... mais on va quand même essayer de vous faire rêver un peu.
Nous sommes partis avec Pierrot et Juliette, le couple de Bourguignons rencontrés la veille, vers la baie de St Joseph d'où partait le bateau. Nous sommes une bonne dizaine sur une embarcation normalement prévue pour sept ! Tandis que nous mettons le cap sur la Baie des Tortues, les alignements de cocotiers et pins colonnaires s'amenuisent pour laisser place à la majesté de l'eau turquoise que nous survolons. Voguant à l'affût, le pilote cherche trace de la faune et, lorsqu'il finit par dénicher une tortue, saute à l'eau pour l'attraper et nous la présenter (semi-sauvages, ces tortues sont habituées à la présence des bateaux et à être approchées par les hommes). Après quelques minutes à observer la tortue nous la laissons repartir et remontons à bord à la recherche d'autres habitants des fond marins.
Dans la Passe de Jü nous tombons sur plusieurs raies mantas. Elles semblent voler le long de notre bateau en un lent mouvement gracieux et lorsque nous sommes suffisamment proches, nous sautons à l'eau pour nager en PMT (palmes-masque-tuba) à leurs côtés. Robin réussit à en suivre une de près pendant un petit moment mais bon, y a pas à tortiller, elle nagent quand même vachement mieux que nous ! Les raies nous suivent un long moment et certaines atteignent des envergures vraiment impressionnantes.

Charlie notre pilote, et son bateau


On passe une très belle journée !!

Charlie notre pilote, et son bateau