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    04 juillet 2016    

WANAKA - PARTIE I    

Depuis notre départ de chez Harry, nous avons décidé de ne pas retourner en WWOOFing afin de nous consacrer à plein temps à notre chômage ! Nous nous prenons à rêver notre saison, où Robin servirait dans un bar sympa pendant que Gaby aiderait à couper plein de légumes dans la cuisine d'un bon restaurant. Nous débattons aussi de ce que l'on ne voudrait vraiment pas faire : la vaisselle (surtout si c'est du riz) pour l'un, nettoyer chez les autres (surtout si c'est des toilettes) pour l'autre. A force de faire le tour de tous les commerces/bar/restaurants de Wanaka, notre speech s'améliore, les patrons commencent à nous reconnaître et les CV coulent à flots, mais les retours sont toujours les mêmes : il est trop tôt. Les journées sont ensoleillées et douces... autrement dit la neige se fait désirer, les sommets sont à nus et la saison n'en finit plus de ne pas commencer.

 

Chaque soir, nous nous éloignons de quelques kilomètres de la ville pour rejoindre ses abords où nous pouvons dormir librement dans notre van. Nous nous dégotons une vaste entrée de champ à deux pas du panneau de « freedom camping ». La vue y est belle, le terrain plat et nous sommes à l'écart de la route, partiellement dissimulés par un buisson... Tout juste ce qu'il nous faut pour nous sentir à la maison !! Nous prenons l'habitude de nous installer là chaque soir, tout comme -sans trop que l'on sache pourquoi- un pick-up blanc prend l'habitude de nous klaxonner chaque matin !!

Les journées ont beau être douces, les nuits, elles, sont rudement froides. Le soir, lorsque nous cuisinons, la chaleur dégagée par la popote se répand et s'accumule au plafond puis retombe dans la nuit en une pluie de grasses gouttes qui nous menacent dans notre sommeil. Bien vite, nous décidons d'investir dans une bouillotte qui vient compléter notre collection de plaids et couette en plumes d'oie, sans pour autant nous permettre de nous dispenser de dormir habillés. Un matin, lorsque nous nous éveillons le thermomètre affiche deux degrés dans le camion. Nos bouteilles d'eau sont gelées, les torchons rigides, les murs sont brillants de gel et les portières ne s'ouvrent plus !

Hormis le froid, c'est une période un peu perverse où nous sommes bloqués à Wanaka et n'osons nous en éloigner de peur de passer à côté d'une opportunité mais, en même temps, nous avons BEAUCOUP de temps à occuper et peu d'argent disponible pour de quelconques activités, courses ou sorties. Nous avons très vite le sentiment de tourner en rond et notre quotidien s'articule autour de longues matinées de repos dans le van, suivies d’innombrables heures à la bibliothèque municipale qui prodigue chaleur, internet et toilettes ! Chaque jour, elle se gorge de backpackers qui, comme nous, attendent le début de la saison, épluchent les annonces du journal local hebdomadaire et prennent d'assaut les quelques tables disposants de prises électriques tels des sangsues en mal d'hémoglobine.

C'est à la bibliothèque que nous découvrons avec dépit que les français ont envahi Wanaka, mais c'est aussi à la bibliothèque que nous rencontrons l'un d'entre eux qui deviendra très vite notre grand copain (parce qu'il est grand et qu'on l'aime bien !) Il s'appelle Charles, et tout commence lorsqu'il parle à ses voisins de son projet crêpes...

 

En quelques mots : Charles a 26 ans, il est belge d'origine, français d'adoption, globe-trotteur depuis toujours, pâtissier et photographe de profession. Depuis un an, il travaille sur un projet un peu fou : il a acheté, retapé et équipé une caravane en France dans le but de l'expédier en Nouvelle-Zélande pour y vendre crêpes et galettes.

On sympathise très vite avec Charles qui devient notre compagnon de galère. Tandis que sa caravane est en cours d'acheminement, il doit faire face à des blocages administratifs, à des problèmes de visa et à l'immigration qui menace de le renvoyer du pays. En attendant de pouvoir régulariser cette situation, il vit et dort dans sa voiture, cuisine dans son coffre et endure le froid bien plus que nous encore. Alors nous nous retrouvons, d'abord occasionnellement, puis presque quotidiennement pour oublier nos déboires autour d'une bière ou d'un repas improvisé pour se changer les idées en se racontant nos vies, nos proches, nos histoires et nos voyages.

 

Un matin, nous profitons de la chaleur d'un soleil généreux pour faire prendre le grand air à notre literie que nous étendons sur les clôtures de « notre » champ (inoccupé). Moins d'une heure plus tard, un pick-up se gare à notre hauteur, c'est l'un des exploitants du champ qui nous prie de quitter les lieux et de ne plus revenir... Nous venons de perdre « notre » terrain ! Le soir même nous essayons de retrouver un lieu similaire mais les autres spots sont très proches de la route ou font face à des maisons d'habitation... Nous nous arrêtons à la nuit tombée sur un bas côté très proche de la circulation et passons une très mauvaise nuit. Chaque véhicule qui passe fait allègrement trembler le van et, bien que l'endroit soit déjà suffisamment bruyant pour nous empêcher de dormir, c'est sans compter sur près d'un véhicule sur trois qui klaxonne en nous voyant sur le bas côté car nous sommes des « wicked campers »

Une deuxième nuit à cet endroit vient à bout de notre patience et nous décidons de chercher un terrain plus propice (et surtout plus abrité) quitte à faire plus de route chaque jour. L'initiative est couronnée de succès par la découverte d'un espace parfaitement adapté, de l'autre côté de la ville, bien abrité par toute une série de pins. Nous sommes récompensés par une nuit calme, un réveil sans klaxons et un lever de soleil magnifique !

Un soir, nous avons la chance d'assister à la soirée de clôture du "NZ Moutain Film Festival" qui se déroule à Wanaka chaque année. Entassée dans la grande salle municipale, une foule se masse pour assister à la projection de trois très beaux moyen métrages de sports extrêmes : moutain biking, ski et descente de chutes d'eau vertigineuses en kayak. Les films sont de grande qualité, on en a le souffle coupé, les yeux brillants et la diffusion se termine par une longue ovation de la salle conquise.

La quantité de saisonniers arpentant les rues CV en main est effrayante. Nous remarquons que la saison commence à prendre forme vers mi-juin (nous sommes déjà là depuis près d'un mois et demi) lorsque, petit à petit, les refus changent de motifs. Ceux qui, pendant des semaines, nous disaient qu'il était trop tôt dans la saison, nous disent maintenant qu'ils n'ont plus besoin de personnel et jour après jour, nous repérons tel nouveau serveur ou telle nouvelle caissière. La liste des établissements comptant recruter des saisonniers s'amenuise et le moral n'est pas franchement au plus haut. L'accumulation de refus mélangée à cette inactivité quotidienne nous tire vers le bas et chaque jour nous nous réveillons un peu plus découragés. Nous essayons de nous remonter le moral mutuellement mais nous avons du mal à prendre assez de recul pour profiter de ces quelques semaines d'oisiveté imposée.

Afin de reprendre les choses en main, nous prenons deux décisions importantes : la première, nous nous laissons jusqu'à la fin de la première semaine de juillet pour trouver du travail, autrement nous poursuivrons notre route et envisagerons la suite du voyage autrement ; la deuxième, nous partons quelques jours de Wanaka pour nous changer les idées, en direction d'Arrowtown, une petite ville à une heure de là qui pourrait nous offrir de nouvelles opportunités.

 

Cette toute petite ville ne manque ni de charme, ni d'animation. Nous apprécions les quelques jours que nous y passons. Changer d'air nous rebooste et postuler dans de nouveaux endroits nous redonne confiance en nous. L'éloignement nous permet de prendre un peu de recul et de relativiser nos « malheurs ». Si c'est une période difficile, c'est avant tout une étape où nous profitons pleinement l'un de l'autre. Nous passons nos journées ensemble à flâner, à discuter de tout et de rien, à imaginer l'avenir et à refaire le passé. Nous nous reposons, promenons, jouons, nous nous aimons !

 

Nous repartons à Wanaka regonflés et, coïncidence ou non, Robin est pris à l'essai dans les jours qui suivent pour travailler dans les cuisines d'un bar-restaurant branché... Une belle dose d'espoir pour que les choses se débloquent enfin.

R&G

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