
22 septembre 2016
DU CANTERBURY AU FERRY
D'ici là, nous faisons chemin commun jusqu'à Christchurch, la plus grande ville de l'île du Sud. Elle est tristement célèbre pour les deux séismes qui l'ont touchée à près de cinq mois d'intervalle en 2010, détruisant une très grande partie de la ville. Nous arpentons ses rues six ans plus tard et pourtant l'hyper centre est parsemé de structures lugubres, d'immeubles arrachés et de terrains vagues. Il est difficile de détacher son regard des décombres qui ornent la ville et lorsqu'on réussit à se concentrer sur les bâtiments qui, eux, ont survécu au terrassement et tiennent encore debout, on s'aperçoit qu'un grand nombre d'entre eux sont désertés et même murés. La ville apparaît mutilée, muette et on retient son souffle face à ce spectacle qui nous rappelle à notre petite condition d'être humain bien fragile.
Il y a un cependant un contraste saisissant entre le macabre patrimoine déserté et figé depuis six ans qui sert de toile de fond à cette ville, et l'omniprésence des travaux animant frénétiquement - et bruyamment - les rues : des échafaudages escaladent sans retenue les façades amputées, des ouvriers en gilet fluorescent grouillent de tous les côtés, des grues s'échinent à parcourir le ciel, des palissades de tôles s'étirent à perte de vue le long des trottoirs, etc.
Cette animation est le stigmate d'une ville qui panse ses plaies et renaît petit à petit de ses cendres. S'il y a encore énormément à faire, on voit déjà un peu partout de nouveaux édifices sortir de terre. L'architecture moderne, d'acier et de verre, le flambant neuf, parfois un peu tape à l’œil, côtoie l'historique branlant et amputé. Les quais ont aussi été refaits à neuf offrant une douce respiration dans la cohue des chantiers.

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Nous sommes de retour sur les routes, avalant les kilomètres comme au premier jour ! Laissant derrière nous la douce parenthèse de Wanaka, nous arpentons maintenant le Canterbury, cette vaste région de l'Est de l’île du Sud.

La cathédrale anglicane est l'un des vestiges les plus impressionnant encore visible en ville



La cathédrale anglicane est l'un des vestiges les plus impressionnant encore visible en ville
Nous y avons rendez-vous avec le plus haut relief du pays : le Mont Cook. Bien que nous n'en n'ayons jamais vu de représentation auparavant, nous le reconnaissons immédiatement lorsque, sur notre route, sa cime se dessine à l'horizon. Massive et fière, culminant à plus de 3700m, sa forme conique imposante la démarque des monts voisins et ne laisse aucun doute sur l'identité de l'immuable montagne. Nous roulons longtemps avec le Mont Cook en ligne de mire, ce qui nous laisse le temps de faire beaucoup trop de photos !
Une fois à ses pieds, nous optons pour une marche facile longeant les eaux aux bleus surréalistes du Muller Glacier. Nous découvrons aussi ses morraines : des débris laissés lors du recul de la glace formant une imposante dune de fines particules de roche noire. Au terme de la marche, nous nous retrouvons nez à nez avec un second glacier, le Huddleston. Il est si proche que nous entendons à plusieurs reprises des blocs de glace craquer puis s'effondrer dans un fracas angoissant (comparable à celui d'un tremblement de terre ou au passage d'un avion).
Cette balade offre, par la même occasion, une très belle vue sur le Mont Cook et nous comprenons immédiatement pourquoi son nom maori, « Aoraki », signifie « Le Transperceur De Nuages » : pendant que nous nous promenons à ses pieds, des masses continues de nuages en provenance de la côte Ouest viennent affronter le géant rocheux mais, sans jamais réussir à l'outre-passer, s'évaporent systématiquement à sa rencontre. Le résultat de ce phénomène mystérieux est très esthétique puisque le ciel semble se déchirer entre épaisse masse nuageuse d'une part et voûte immaculée de l'autre !
Non loin de là, sur le lac d'eaux glacières Tekapo se trouve le Mont John qui abrite à son sommet un observatoire astronomique renommé pour la qualité du noir de ses nuits. Nous sommes en effet au milieu de rien : l'observatoire a pour voisin le Mont Cook, deux lacs, une vallée glacière et une petite bourgade qui s'est intégralement dotée d'un éclairage public prévenant la pollution lumineuse.
Bien que nous arrivions un peu tard sur place, nous avons la chance d'attraper la navette qui monte à l'observatoire pour une soirée d'initiation à l'astronomie, avec son lot de gros télescopes pour contempler les « objets » spatiaux. Ce soir là, la voûte n'est pas très noire car nous sommes à quelques nuits de la pleine lune mais, du coup, nous avons l'occasion d'observer longuement notre magnifique satellite. Nous pouvons aussi contempler très distinctement saturne et ses anneaux, un superbe amas stellaire qui d'un point de vue de non initié ressemble fort à une galaxie, ainsi que d'autres objets dont nous avons promptement oublié les noms ! Les commentaires viennent compléter l'observation et on nous désigne des planètes, des étoiles, des constellations et comment les reconnaître, différents moyens de se repérer de nuit en trouvant le Sud ou encore quelques signes du zodiaque. On nous montre même du doigt la station spatiale internationale, qui par un heureux hasard nous survole à ce moment-là. Bref, c'est passionnant ! On regretterait presque que ce ciel, que nous observons sous toutes ses coutures, soit celui de l'hémisphère Sud... car on ne pourra pas étaler toute l'étendue de notre savoir à notre retour en mère patrie !!!


Le Mont Cook au loin

Photo de l'observatoire

Nous poursuivons notre route sous un temps maussade et, au lieu de nous diriger comme prévu vers Christchurch, nous décidons de faire un crochet par Akaroa, une petite ville d'inspiration française nichée dans une baie, vestige de l'explosion d'un ancien volcan. Qui dit volcan -même ancien- dit forcément relief... pente... ascension. Alphonse souffre, tousse, cahote mais tient bon. Nous progressons très lentement et atteignons la bourgade de nuit.
Au petit matin nous découvrons la ville qui, en effet, a des airs familiers : les maisons ont souvent un étage et des volets, les enseignes et les rues portent des noms français, des drapeaux tricolores finissent le tableau. Ceci dit, lorsqu'on s'approche des cartes de restaurants c'est toujours de la « gastronomie » kiwi que l'on nous propose !
Suite à des conseils précieux et gracieusement donnés par l'agréable dame de l'office de tourisme (vous la sentez l'ironie ?!) nous quittons la ville pour une balade sur les flancs du volcan, la Banks Peninsula. Les collines verdoyantes dominent la baie et sont peuplées de troupeaux de moutons paissant en toute sérénité... il y a ici des faux airs de Pays Basque !!!
C'est d'ailleurs ce décor fabuleux que nous choisissons pour une séance photo / vidéo de notre Alphonse en vue de publier très prochainement une annonce de vente (si vous êtes curieux, vous pouvez la trouver ici). C'est un peu triste, le moment est presque venu de nous séparer de notre compagnon de voyage... chacun sa route ! A nous de découvrir quelques nouveaux fragments d'Océanie avant de retourner au pays, à lui de poursuivre son destin en guidant d'autres voyageurs sur les routes Néo-Zélandaises.

Restaurant "à la française"



Restaurant "à la française"




Nous poursuivons inlassablement notre épopée vers le Nord et nous arrêtons à Kaikoura, 150 km plus loin. Sur la route la météo est passée de maussade à vraiment nulle, la pluie et la grisaille ne nous lâchent plus. Kaikoura est renommée pour sa faune maritime : otaries, lions de mer, dauphins, baleines et cachalots... On retrouve en effet des otaries un peu partout mais pas d'autres mammifères marins en vue depuis la côte. Nous allons nous renseigner à l'office de tourisme local et sommes une fois de plus lamentablement reçus. Les excursions marines coûtent un peu cher et vue la météo nous ne sommes pas sûrs que cela vaille le coup... Un peu déçus, nous laissons tomber et prenons la route de Ohau Falls à quelques kilomètres de là.
Recommandée par notre copain Charles, cette fine chute d'eau achève sa course dans un petit bassin qui sert de lieu de rassemblement à tous les bébés otaries de la région !!! C'est une nursery naturelle qui , en plein hiver, rassemble plus d'une centaine de « puppies » attendant leur mères parties pêcher. Nous sommes bien tard dans la saison et il ne reste dans le bassin que deux otaries retardataires. On les regarde nager, sauter, plonger, se battre et batifoler ensemble... on pourrait rester là des heures !!! Nous sommes ébahis de les découvrir si vives, joueuses et captivantes, ça diffère du tout au tout de leurs congénères adultes que l'on a l'habitude de voir siestant sur le sable chaud.
Après un bref arrêt à Blenheim où nous faisons du « beer testing » à la Moa Brewery et du « wine testing » au chai Allan Scott, nous voilà en un éclair à Picton.
Le camion est parqué dans la cale du ferry et nous regardons l'île du Sud s'éloigner petit à petit. Pas le temps pour un trop plein d'émotions car avec cette vilaine météo qui nous poursuit la mer est mollement agitée, bien assez ceci dit pour rendre Gaby malade (mais visiblement pas assez pour qui que ce soit d'autre !) Il nous faut sortir sur le pont pour calmer son estomac, ce qui permet à Robin et son œil affûté légendaire de repérer quelques dauphins sautant les vagues formées par le sillage de notre embarcation !!!
Nous vous retrouverons de l'autre côté du détroit dans quelques jours.
Nous pensons bien à vous,
R&G
Nous découvrons avec une joie non contenue un « quartier containers » installé en plein cœur de l'hyper centre et dédié aux foodtrucks !!! Il y a presque trop de choix et nous n'avons le temps d'essayer qu'une petite partie d'entre eux : hot dog, dumplings, thaïlandais, grec et donuts. Un régal !
Nous visitons l'immense jardin botanique de Christchurch, son musée et une galerie d'art contemporain, mais nous nous rendons vite compte que ce n'est pas vraiment là que réside l’attrait de la ville.
Il est tout simplement très touchant de se laisser flâner au gré des rues car on y découvre avec quelle force la population - et notamment les artistes locaux- se sont investis pour éviter de se noyer dans la morosité en occupant les espaces vides laissés par la catastrophe, donnant du même coup une facette plus optimiste à la ville. Ainsi des pans de murs dévastés (et il y en a beaucoup) sont recouverts de tags magnifiques, des jardins partagés sont cultivés au cœur des terrains vagues, des œuvres commémorant les victimes ou célébrant la vie parsèment le centre... Les rues sont un véritable musée à ciel ouvert alliant street art, art contemporain et cicatrices architecturales d'une ville en pleine reconstruction.

Art Gallery

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