
11 juin 2016
WWOOFINGS EN CENTRAL OTAGO - PARTIE II
The Nook, chez Harry - du 1er au 11 juin
En quelques mots : Harry est un Kiwi d'une soixantaine d'année qui vit en collocation avec deux amis -souvent absents- dans la maison de ses parents. Il est grand, fort et est très fier de n'avoir jamais rasé sa longue barbe aujourd'hui blanche. Résultat, lorsqu'il se promène en ville les enfants lui demandent, plein d'étoiles dans les yeux, s'il est le véritable Santa ! Ancien éleveur de mouton, il gagne maintenant un peu d'argent en tant que guide de pêche sur le lac d'Hawea ou en vendant du bois de chauffage pour l'hiver. Il lit beaucoup et mange de bons produits qu'il fait pousser, chasse ou pêche lui même.

Commenter cette brève ?
Anam Cara, chez Michelle et Mike - du 26 mai au 1er juin
En quelques mots : Michelle et Mike forment un couple d'anciens hippies catholiques (oui, oui!).
Elle, travaille de temps en temps chez sa voisine -âgée et malade- afin de l'aider dans ses tâches quotidiennes.
Lui, travaille dans une boîte de construction de maisons souvent en Pisé (dont les murs sont réalisés à partir de terre compressée dans un coffrage et par la suite « démoulés »).
Parents de quatre enfants, nous les voyons avant tout sous le jour de grands-parents puisque, durant notre séjour, quatre de leurs petits enfants étaient en vacances chez eux.
Nous arrivons dans la soirée à Anam Cara, la propriété de Michelle et Mike, et tombons en plein repas de famille : quatre générations de Cotters nous invitent à l'apéro ! Nous essayons de décliner, prêts à nous faire discrets en passant la soirée dans Alphonse pour les laisser profiter de leur dîner, mais pas question de remettre en question l'hospitalité des Kiwis ! Ils insistent et nous nous joignons finalement à la joyeuse assemblée. Un verre de champagne à la main, nous nous faisons assaillir de questions et savourons le brouhaha anarchique des bavardages familiaux qui commence sérieusement à nous manquer !
Chacun a rapporté un met à partager en plus du copieux repas cuisiné par Michelle. Avant de passer aux choses sérieuses et d'attaquer tous ces bons petits plats qui nous mettent l'eau à la bouche, nous découvrons -avec une once de gêne- qu'ici, tout le monde se rassemble et, main dans la main, déclame les grâces à l'unisson. Sous la forme d'une chanson destinée aux enfants, les remerciements -bien que sur fond de religion- s'adressent aussi à ceux qui ont cultivé et cuisiné la nourriture.. un aspect pragmatique qui nous parle plus.
La maison en Pisé des Cotters est grande et belle, c'est une vitrine flatteuse des talents de bâtisseurs de Mike. Les pièces communes sont dotées d'une foultitude de fenêtres et, que l'on soit lové dans le canapé au coin du poêle ou en train de faire la vaisselle, on ne rate pas une miette du spectacle naturel qui se joue dehors. Niché sur un vaste terrain bordé par la chaîne montagneuse, leur logis domine la vallée de l'Hawea River. Le tout est quotidiennement sublimé par les douces lumières automnales du soleil rasant les pics rocheux ou irradiant la vallée.
Nous installons Alphonse non loin de la bâtisse car, comble du luxe, Mike possède un adaptateur qui va nous permettre de brancher le van à l'électricité de la maison. A nous chauffage, lumière et rechargement d'appareils électroniques !!!
Au petit matin, nous croisons Michelle complètement submergée par ses petits enfants qui nous annonce, entre deux pas de course, que nous accueillir n'était pas une bonne idée car elle n'aura pas le temps de s'occuper de nous... Nous sommes en train de nous faire remercier avant même d'avoir travaillé !!! Après lui avoir assuré que nous étions autonomes, elle concède -sans grande conviction- à nous laisser une chance. Le WWOOFing peut commencer : première journée de travail, première journée de désherbage ! Sur fond d'« Affaires Sensibles », nous nettoyons le jardin d'ornement qui longe la maison plusieurs heures durant. Le temps passe vite, le soleil nous enlace chaleureusement et l'on travaille visiblement assez bien puisque personne ne nous parle plus d'évacuer les lieux !
Le lendemain, ayant probablement gagné nos gallons de WWOOFers, nous attaquons un projet de « désherbage » de grande envergure. Passés les abords de la maison tirés à quatre épingles, le terrain s'enfonce vers la vallée en ce qui fut une sapinière jusqu'à l'année passée. Déboisée afin d'ouvrir la fameuse vue panoramique dont jouit le séjour, il ne reste maintenant de cette parcelle plus qu'un terrain nu, un peu chaotique, parsemé de dépouilles d'arbres abattus, de repousses de centaines de petits sapins reprenant leurs droits, de mauvaises herbes et buissons épineux en tout genre. Notre rôle : couper, déraciner, élaguer à grand renfort de tronçonneuse. Le travail nous prend trois après-midi longs et fatigants : le temps se roidit sérieusement, la tronçonneuse devient vite capricieuse et les gants sont parfois de piètres protections face aux épines acérées...

Leur boîte aux lettres, originale !

La belle maison de Michelle et Mike

On n'a pas pu s'en empêcher, la vue était trop belle !

Leur boîte aux lettres, originale !
Nous prenons un jour de repos le dimanche afin de rejoindre Anna (notre hôte du Nook, premier WWOOFing en Otago) qui chante lors d'un vide grenier organisé pour récolter des fonds au profit de la garderie locale. Nous donnons un coup de main aux organisateurs de l'événement et nous retrouvons vite en cuisine : Robin sert les boissons chaudes pendant que Gaby alterne entre cuisson des soupes et plonge. Nous travaillons bénévolement, dans la bonne humeur tout en écoutant Anna chanter... il y a comme un air de Relais des Pas Sages !
L'événement se termine en début d'après-midi et nous profitons de cette très belle journée pour prolonger l'escapade par une promenade longeant le Lake Hawea. Situé à près de vingt minutes de route de Wanaka, c'est aux abords de ce vaste lac que se trouvent le Nook et Anam Cara. Or, le lorgnant fréquemment par la vitre du van, nous n'avons jusqu'à présent jamais pris le temps de nous y arrêter... Il est temps de remédier à cela ! Nous discutons donc longuement tout en arpentant sa berge rocailleuse et prenons tranquillement le temps de profiter du paysage magnifique qui nous entoure.
De retour à Anam Cara nous nous retroussons les manches pour quelques nouvelles journées de désherbage méticuleux du jardin d'ornement. Au quotidien, nous avons relativement peu d'interactions avec Michelle et Mike à l'exception des dîners que nous prenons le temps de partager chaque soir. La relation qui s'établit avec nos hôtes est aimable et sympathique mais pas franchement complice. Avec leurs petits enfants ou Tim -leur fils revenu vivre à la maison- les rapports n'iront jamais au-delà de l'échange de salutations et de quelques banalités. Nous ne sommes ni vraiment surpris, ni vraiment déçus lorsqu' arrive la fin anticipée de notre WWOOFing : Michelle doit s'absenter plusieurs jours et nous propose de rejoindre Harry, un de leurs amis proche, qui aurait besoin d'un coup de main dans son jardin avant de partir pour l'Australie. Nous acceptons d'autant plus jovialement la proposition qu'en discutant nous découvrons qu'Harry n'est autre que l'oncle de Lochi (le mari d'Anna) et vit lui aussi au Nook !

Gaby réchauffe de la soupe et des sausauge rolls

Pendant que Robin sert les boissons chaudes

On quitte Anam Cara

Gaby réchauffe de la soupe et des sausauge rolls
Lorsque nous arrivons chez Harry, il nous fait la visite de sa petite maison de famille et nous propose de loger dans la chambre d'enfant de son fils. La chambre n'est pas chauffée et n'a visiblement pas été habitée depuis un bon moment -il y fait presque aussi froid que dehors- mais nous découvrons avec joie qu'elle est dotée d'une petite cheminée où nous nous empressons d'allumer un feu.
Nous commençons notre séjour chez Harry par nous atteler au travail du bois de chauffage. Nous y passons plusieurs jours et participons à toutes sortes de tâches : on déracine un arbre en l’enchaînant au tracteur d'Harry, on débite des branches en rondins à la tronçonneuse, puis des rondins en bûches à la fendeuse, on stocke le bois en big bag et on livre ceux qui contiennent du bois sec à Wanaka... C'est un travail physique qui nous change du désherbage habituel !
Plus tard, nous ramassons les feuilles qui tapissent les abords de la maison ainsi que les petites branches et brindilles qui parsèment la propriété pour alimenter un vaste tas de compost. Nous ramassons aussi des pommes de pin destinées à participer à l'allumage du feu.
Bien qu'Harry soit un loup solitaire, peu bavard, nous trouvons assez vite nos marques et le quotidien s'organise naturellement. Nous nous levons tard et prenons le temps de petit déjeuner avant de partir travailler dehors, souvent en compagnie d'Harry. A midi, une soupe maison décongelée au micro-onde et des toast nous attendent avant de repartir terminer nos heures. Lorsque nous rentrons, Harry est devant la télé et il nous faut allumer un feu dans notre chambre si nous voulons éviter l'hypothermie ! Pour le dîner, Harry nous cuisine une bonne pièce de viande ou un poisson frais pendant que nous nous occupons d'inventer un accompagnement. Nous mangeons généralement en regardant un programme abrutissant à la télé, mais il nous arrive aussi parfois de discuter sur fond de Bob Dylan !

On est de retour au Nook, chez Harry cette fois ci



On est de retour au Nook, chez Harry cette fois ci
Lors de notre jour de repos, nous décidons de nous éloigner du Nook pour découvrir la face Est du lac d'Hawea et nous ne sommes pas déçus de ce que nous découvrons. Roulant au pied des montagnes, nous cheminons à travers les troupeaux de moutons qui paissent librement dans les prairies verdoyantes longeant le lac. Face à nous, à perte de vue, la vaste étendue d'eau paisible reflète les pics enneigés qui se découpe sur un ciel bleu céruléen resplendissant. On en prend plein les yeux !!!
De retour au Nook en fin d'après-midi, nous passons dire bonjour à Lochi, et aux petits (Anna étant absente) et nous papotons autour d'un thé. La conversation s'articule principalement sur nos déboires et nos recherches infructueuses de travail, il nous suggère de retourner tenter notre chance à Queenstown... Nous nous promettons d'y réfléchir. Nous quittons la petite famille vers 17h (horaire parfait pour le dîner chez les kiwis!) et, en rentrant à pied chez Harry, nous passons devant les anciens bâtiments utilisés pour la tonte des moutons. Poussés par la curiosité, nous jetons un œil, tout est encore sur place : tondeuses, lampes, parcs d'attente, tableau de comptes et même amas de laine tondue ! L'âme du lieu est intacte, saisissante.
Les jours qui suivent, Harry nous propose de nous attaquer au désherbage (musclé) de son potager : malgré le patchwork de moquettes qui en tapisse le sol, près d'un tiers de son potager est couvert d'une mauvaise herbe tenace, que nous arrachons par brassées - quand ça n'est pas directement au godet du tracteur ! Mais le temps commence à être rigoureusement froid et, jusque tard dans la journée, le sol est gelé ce qui rend ce travail compliqué, physique et plutôt désagréable ! Après avoir planté de l'ail dans le lopin fraîchement retourné, la température devient trop rude pour continuer à s'esquinter dehors et Harry, jamais à cours d'idée, nous propose une nouvelle mission au chaud : repeindre les placards de sa cuisine.
La maison « très ancienne » (pour ici) qu'il habite n'est pas en très bon état et la cuisine sombre, défraîchie et peu entretenue, en est le reflet. Lorsqu'on nous suggère l'idée de la peinture nous ne sommes pas particulièrement emballés, mais la perspective de travailler au chaud a tout de même quelque chose d’alléchant ! Nous commençons donc à vider la vieille vaisselle entassée et mettons à nu des étagères à la crasse probablement plus âgée que nous ! En guise de produit ménager, Harry nous dote de torchons et d'eau chaude !!! Autant vous dire que ça n'est pas d'une grande efficacité et lorsque Robin en fait part à notre hôte, lui demandant s'il a quelque chose de plus « agressif » pour venir à bout de la saleté, c'est une ponceuse électrique qu'on lui rapporte !!! Lorsque les placards sont suffisamment propres pour passer à la peinture, nouvelle surprise, Harry nous rapporte deux bombes de peinture blanche ! Tandis que nous bombons les surfaces, l'odeur pestilentielle des solvants nous agresse et ne tarde pas à envahir toute la petite maison d'Harry. Nous devons sortir pour respirer entre deux pulvérisations !!!



Dur de respirer au milieu de toute cette peinture en suspension !

Cette petite aventure ménagère marque la fin de notre séjour chez Harry car les stations de ski sont supposées ouvrir dans quelques jours et nous souhaitons passer plus de temps à Wanaka, pour nous dédier à notre recherche de travail.
Harry nous offre un énorme sac rempli de noix et d'ail (qui coûtent une fortune ici) pour nous remercier et nous nous séparons probablement définitivement car Harry passe l'hiver en famille dans la chaleur du désert Australien.
R&G

