

23 mai 2016
WWOOFINGS EN CENTRAL OTAGO - PARTIE I
The Nook : chez Anna, Lochi, Mathilda et Oscar - du 05 au 12 mai
En quelques mots : Anna est chanteuse et musicienne de folk anglaise. D'origine hollandaise, elle entretient passionnément son immense jardin potager dont elle troque le surplus avec les restaurants du coin. Elle est très engagée dans la communauté locale et la préservation de la planète : sa lutte du moment, faire de Wanaka une ville « plastic bag free ». Un pari aussi osé qu'indispensable dans ce pays où les sacs plastiques sont sur-utilisés : « Pas de sac plastique s'il vous plaît, nous avons notre cabas. -Hum. Vous êtes sûr ? Ils sont gratuits, hein ! -Oui, oui, sûr, ça ira très bien comme ça. -Bon.... »
Anna est mariée avec Lochi, un kiwi, dont la jeune entreprise de construction de maisons en bois est en plein essor. Leurs enfants, Mathilda (5 ans) et Oscar (2 ans) sont tout simplement adorables. La plus grande va à l'école, tandis que le petit vaque à ses occupations sans l'aide de personne.

Nous arrivons au Nook, cette vaste propriété familiale, nichée littéralement au pied d'une chaîne de montagne. Nous sommes immédiatement reçus et conquis par l'enthousiasme débordant d'Anna. Nous discutons un peu dans leur cuisine douillette puis nous mettons rapidement au travail : aujourd'hui ce sera l'entretien du potager. Il faut désherber, récolter les derniers légumes estivaux, arracher les plants qui ne donnerons plus et préparer le sol pour les cultures d'hiver. Nous travaillons de bon cœur, au soleil et en musique !
Nous sommes ahuris de voir le petit Oscar vivre sa vie en toute indépendance tandis que sa maman travaille au jardin avec nous. Du haut de ses deux ans il se balade, fait du tricycle, du trampoline, nous aide à récolter les tomates et nous rappelle à l'ordre lorsque qu'il est temps de faire une pause « tea time ».
Lochi est très peu présent car il travaille énormément : déjà parti avant même que nous nous levions, il ne rentre que tard le soir, après le dîner, et paraît exténué.
Anna nous explique que le cottage qui nous était alloué est occupé pour quelques jours et nous propose de dormir dans leur caravane (aussi peu chauffée qu'Alphonse) en attendant qu'il se libère afin que nous n'ayons pas à faire et défaire le lit chaque jour. L’intention est louable et nous transférons nos affaires de bon gré. Tard dans la soirée, lorsque nous préparons le lit, la petite caravane bascule et s'écroule sur le sol dans un fracas tonitruant. Elle n'a pas été calée et nous n'avons pas de manivelle sous la main... elle est inutilisable ! Retour dans Alphonse pour une nuit quelque peu frisquette où l'influence des montagnes qui nous dominent se fait sentir !
Au Nook, les journées sont très variées : outre le désherbage et la vaisselle (activités premières de tout WWOOFer), nous nourrissons les poules, ramassons des feuilles mortes, des pommes de pin pour faire du feu cet hiver ou encore des fruits (poires et coings) que nous débitons pour en faire des conserves. Nous surveillons Oscar lorsqu'Anna doit s'absenter, démontons un vieux trampoline, alimentons les divers tas de compost, vidons un appentis de stockage qui sera prochainement réhabilité en un bureau pour l'entreprise de Lochi / salle de répétition pour Anna. Les journées sont aussi rythmées par les fredonnements d'Anna qui chantonne en toute occasion, et les « tea time » qu'Oscar ne raterait pour rien au monde : tantôt du « gumboot tea », le thé des kiwis que nous apprenons doucement à aimer, tantôt de la soupe avec du pain que l'on mange poliment à 11h du matin (soit une heure avant le déjeuner!)
Lorsque le cottage se libère. Nous y prenons allègrement nos pénates, tout joyeux de retrouver un vrai lit, une pièce chauffée, une salle de bain personnelle et un espace vital de près de 10m² – le luxe ultime !!!
Le week-end, nous récoltons des pommes et nous lançons dans la fabrication de cidre avec Lochi. Équipé d'un broyeur à branche trop petit pour passer les pommes entières, nous devons les couper une à une avant de pouvoir les presser. C'est une longue journée, qui nous permet toutefois de faire plus ample connaissance avec Lochi que nous avons très peu vu jusque là. Il est discret mais vraiment gentil, curieux et drôle.
Les jours passant, nous nous attardons de plus en plus tard chez eux . Gobin -comme l'appelle Oscar- a la cotte auprès des enfants : après chaque repas ils l'assaillent pour « danser », se faire porter, se bagarrer ou pour tout un tas de « cuddle ». Après le coucher des enfants, nous discutons avec les jeunes parents autour d'un verre de vin, leur apprenons à jouer à la salopette, regardons les nouveaux épisodes de Game of Thrones...

Au coeur des montagnes...

La maison d'Anna et Lochi

On quitte le Nook, sous un ciel menaçant

Au coeur des montagnes...
On se plaît bien dans cette petite famille et lorsqu'il faut partir nous sommes convaincus de garder contact avec eux et de les revoir lorsque nous serons installés à Wanaka.
Monte Christo Gardens : chez Pam et Wally - du 13 au 23 mai
En quelques mots : Pam et Wally forment un couple de jeunes septuagénaires adorables. Curieux, dynamiques et toujours prêts à plaisanter, ils accueillent des WWOOFers du monde entier sur leur belle propriété. Ils y cultivent plusieurs hectares de framboisiers, indissociables d'un parc de loisir familial qui s'anime l'été avec, en son cœur, un café-dessert permettant à Pam d'exprimer tout son talent de cuisinière-pâtissière. Huuumm... Dommage pour nous qu'il soit fermé l'hiver !

Monte Christo Gardens, se situe près de Clyde à près d'une heure de route de Wanaka. Nous arrivons sur place de bon matin, accueillis par Wally, le sourire aux lèvres. Autour d'une boisson chaude nous entamons la discussion avec le couple et sommes surpris par leur curiosité et leur humour sans borne. La discussion est facile et va bon train, on leur parle de nous, de notre voyage, de nos projets paysans, ils nous parlent de leur passé de baroudeurs, de leur famille, de leur pays. Ils vont même jusqu'à complimenter notre anglais... c'est bien la première fois !!!
Nous nous arrachons à nos discussions pour nous faire outiller de nos nouveaux compagnons : gants, bottes et sécateurs. Nous sommes parés pour affronter les framboisiers. Pam et Wally nous présentent les blocs de rangées buissonnantes qui jouxtent leur maison. A ce stade de l'année, les drageons poussent en tout sens telle une forêt hirsute et sauvage. Notre travail, nous explique-t-on, va consister à tailler ses repousses en éliminant les plus faibles pour ne laisser que les plus belles et prometteuses. Celles-ci devront alors être tressées sur des câbles en un motif autobloquant qui empêche la prise au vent. Lorsque l'on regarde Pam et Wally travailler, on est d'abord perplexes. Il nous est difficile de saisir dans cette jungle de branchages, pourquoi garder celle-ci plus qu'une autre ? Comment manipuler les branches sans les briser ? Comment effectuer le tressage correctement ? Et puis on se lance un peu hésitant mais Pam et Wally nous font confiance et, très vite, nous laissent seuls dans les rangs. On tâtonne un peu, on jette des coups d’œil anxieux au travail de Pam et puis on trouve le rythme. Les premiers jours sont plutôt amusants et le soleil nous cajole.
Le quotidien avec Pam et Wally nous plaît beaucoup, nous nous sentons chez eux un peu comme chez nous. Libres de nos mouvements, de nos humeurs et de nos paroles. Chaque repas est un véritable moment de partage où nous discutons longuement de tout et de rien, riant allègrement des facéties de Wally et des mimiques faussement dépitées de Pam. Pour ne rien gâcher, cette dernière a des talents culinaires avérés, et nous nous régalons de cuisine asiatique, mexicaine, soupes, pâté de viande, cookies, tarte aux coings, confiture de framboises maison... Huum.
Pam est aussi une couturière aguerrie et réalise des patchworks compliqués et très méticuleux. En discutant un peu de son travail, elle nous avoue qu'elle vient de s'offrir la machine à coudre la plus chère que nous ayons jamais vue, puisqu'elle est plus onéreuse encore que leur petite voiture de sport décapotable... On vous laisse imaginer la somme.
Wally, quant à lui, est fan de sport et il passe une grande partie de ses journées à regarder un peu tout ce qui passe sur ses chaînes spécialisées : rugby évidement mais aussi cricket, netball, rally, formule 1, basket... Il se fait un devoir de nous expliquer les règles des sports nouveaux pour nous et de nous régaler de potins sur des sportifs que nous ne connaissons pas « Cette joueuse de netball, elle a accouché il y a à peine un mois. Non mais, vous avez vu sa ligne ? » « et ce joueur de cricket, il a été champion de golf ! » « ce joueur il fait partie des All Blacks, son père en a fait partie et son frère joue pour l'équipe nationale Australienne. » Il semble tous les connaître personnellement ! Avec lui nous regardons quelques très beaux matchs du Rugby Championship.
Nous passons d'ailleurs beaucoup de nos soirées devant la télé avec eux, ce qui ne nous était pas arrivé depuis belle lurette. Nous notons que les informations Néo-Zélandaises sont très largement tournées vers l’international, ce qui permet aux Kiwis d'être bien plus au courant de ce qui se passe dans le monde (et parfois même en Europe) que nous. Nous découvrons aussi avec horreur la quantité de pubs hallucinante qui sont diffusées : un film d'une heure et demi est coupé toutes les 10 minutes par près de cinq minutes de pub. Autrement dit, il est coupé huit fois et ainsi prolongé de près de 40 minutes. C'est insupportable.
Pam et Wally font aussi partie d'une équipe de Lawn Balls, ce sport de boules que nous avions découvert à Hamilton. Curieux, nous les suivons un soir et assistons à la compétition amicale qu'ils se livrent deux fois par semaine avec un groupe d'amis. L'ambiance est détendue et taquine, on les observe sans oser demander si l'on peut s'essayer au lancer, bien que l'envie nous titille.

On arrive à Monte Christo

La grande maison de Pam et Wally

Une coopération réussie de Robin & Pam

On arrive à Monte Christo
Pendant ce temps dans les framboisiers, le temps se gâte, les matins deviennent très froids, parfois même gelés, la pluie nous coupe dans notre travail. Les journées s'allongent puisque nous devons attendre la fin des averses pour retourner sur place et finir nos heures quotidiennes, mais alors les tiges trempent nos gants qui gèlent nos mains ! On assiste même aux premières chutes de neige sur les sommets environnants : c'est beau, mais en bas, ça se traduit par de la grisaille, un vent froid et toujours plus de pluie. Bref, les jours se suivent, se ressemblent et on se lasse.
Jusqu'au jour où nous avons l'idée de télécharger sur le portable des « Affaires Sensibles » cette émission de France Inter qui retrace et analyse un événement passé. On travaille alors en écoutant des histoires et, miracle, le temps passe vite. Pour mieux entendre, on évolue dans le même rang : l'un taille, l'autre tresse. On est beaucoup plus efficace et on retrouve goût à ce que l'on fait !
Nous pouvons gérer nos horaires comme nous le souhaitons et lorsque nous nous organisons bien, nous réussissons à nous libérer tout l'après-midi, ce qui nous permet de réaliser ce dont nous rêvons depuis le premier jour : installer un parquet dans notre van. Nous arrachons l'immonde moquette délavée avec jouissance et découvrons en dessous un lino plutôt en bon état. Après un gros récurage du sol au plafond, nous nous attaquons à la découpe des planches, ce qui nous donne un peu de fil à retordre. Après quelques après-midi acharnés, le travail est terminé et Alphonse est comme neuf. Le plancher nous ravit mais on se rend compte qu'avec les meubles en bois eux-aussi, on se croirait dans un chalet Suisse... Le sol à peine terminé, on se prend à rêver de repeindre les meubles !!!
Voilà déjà un moment que nous avons quitté Wanaka, et nous sentons que nous devons y retourner pour faire une nouvelle fois le tour des commerces à la recherche d'un travail. Après une soirée crêpes et galettes orchestrée par Robin, nous quittons donc Pam et Wally avec un petit pincement au cœur. C'est un couple formidable qui nous a très chaleureusement accueillis, et on espère être capable de leur ressembler ne serait-ce qu'un peu lorsque sonneront nos soixante-dix années.
R&G

Notre vieille moquette puante vit ses derniers instants


Tadaaa !!

Notre vieille moquette puante vit ses derniers instants
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