top of page

    juillet - août 2016    

WANAKA - PARTIE III  

Malgré la fatigue qui s'accumule petit à petit au fil des jours, nous sommes en saison et, comme le veut la coutume, nous en profitons pour étrenner les bars avec Charles, les Julien (deux français), Davon (Canadien), Marcello (Brésilien), Esther (Hollandaise), ou les collègues du Speight's de Robin, Thompson (Maori), Roman (Allemand), Richard (Américain), Kirsten (Sud-Africaine), etc. Nous apprenons vite à connaître chaque bar et à adapter nos sorties à nos envies : une bière légère au soleil en écoutant du reggae au Kai Whaka Pai ; une bière consistante au pub irlandais, le Fitz Patrick, en écoutant un live bruyant mais entraînant ; un rhum au Woodys en clopant au coin du feu ou en jouant au babyfoot. Et puis il y a les sets de DJ du Lalaland ou du Gin & Raspberry pour les fins de soirées plus dansantes !

 

Toutefois, c'est au Woodys que nous passons le plus clair de nos soirées et, un soir, nous apprenons qu'à chaque boisson achetée nous pouvons mettre notre nom dans une loterie hebdomadaire. Robin pense une fois à y déposer un bon et une semaine plus tard, il est tiré au sort parmi les trois cents bons contenus dans l'urne !!! Il gagne non moins qu'une journée d'héliski : déposé en hélicoptère en haut d'une montagne enneigée, c'est ensuite à lui de la descendre à ski, et ce à quatre reprises. Charles, grand amateur de ski, est vert de jalousie et nous décidons de passer nos soirées au Woodys pour mettre autant de coupons à son nom que possible dans l'urne. Après une semaine d'un dur labeur collectif, Charles a plus de quarante tickets à son nom. Lors du tirage hebdomadaire, il rafle les deux premiers prix (des bières et un bonnet) mais n'est pas appelé pour l'héliski. Déçus mais pas vaincus pour autant, il se décide à s'auto-offrir l'activité et réserve sa virée le même jour que Robin !

Commenter cette brève ?

La White House (le restaurant méditerranéen où travaille Gaby chaque soir) est, comme son nom l'indique, installée dans une grosse bâtisse blanche qui, âgée de plus de soixante-dix ans, est l'une des plus vieilles maisons de Wanaka... presque un bâtiment historique !!!

C'est une affaire familiale détenue par Pedro, qui « gère » la salle et son fils Jacques qui règne sur les fourneaux. Lorsque l'on demande au père, un Kiwi aux racines irlandaises, d'où lui est venue l'idée saugrenue d'ouvrir un restaurant méditerranéen il y a un quart de siècle, il répond simplement « Qu'importe les origines, j'ai beaucoup voyagé et j'ai trouvé là-bas la cuisine que j'aime : généreuse, goûtue et saine... » A la plus grande joie de Gaby, qui y est copieusement nourrie chaque soir, ce credo s'applique à merveille à la cuisine de Jacques.

 

C'est un petit restaurant (sept tables au total !) et Gaby assure tous les services de la semaine seule, suppléée par Pedro lorsque ne posséder que deux bras commence à devenir un handicap. Le restaurant ouvre ses portes à 18h (oui, oui ! Il n'est pas rare ici que les restaurants fassent salle comble avant 19h) et ne ferme que lorsque les derniers verres de vins se tarissent. Car la White House c'est un restaurant mais c'est aussi -et peut-être même surtout- un bar proposant une vaste carte de vins néo-zélandais et de bières de micro-brasseries locales. L'ambiance y est atypique puisque tout est fait pour que les clients prennent leur temps et puissent profiter de leur soirée en toute tranquillité. Jamais on ne vous pressera de commander, de finir votre assiette ou de régler votre dû. Il n'est pas rare qu'une tablée s'installe à 18h et ne reparte qu'après 23h. Lorsque l'on côtoie l'endroit, on s'y sent vite comme à la maison : tout le monde discute un verre à la main, le monde est fait et refait chaque soir et chacun semble faire grand cas d'entraîner son voisin dans des discussions endiablées, qu'il soit un fidèle des lieux ou un touriste de passage.

 

Pedro, le patron, est un personnage un peu étrange et lunatique mais aussi attachant, sans qui la White House ne serait pas vraiment la White House. Il se montre parfois muet comme une carpe et somnole dans un coin sur ses mots croisés, parfois déchaîné faisant hurler de rire les clients du bar ; il boit son thé dans des bocaux à confiture et son vin dans des verres à shooter ; il est une véritable encyclopédie humaine, a lu sur tous les sujets, peut débattre sans mal des origines de la langue basque, des hôpitaux pour soldats américains basés en Allemagne pendant la seconde guerre mondiale ou de la cause de telle maladie cardiaque. Toujours curieux d'en apprendre plus, il colle plusieurs fois Gaby sur des questions pointues sur la France !

Pendant ce temps, du côté de Charles (notre copain d'infortune rencontré à notre arrivée à Wanaka, cf cette brève !), ça bouge aussi : son litige avec l’immigration se solde par une fin heureuse et il obtient son visa quelques jours avant l'arrivée de son food truck sur le territoire. Après un aller-retour jusqu'à Auckland pour la récupérer, Charles nous présente sa petite caravane toute aménagée répondant au doux sobriquet de « Charlie Brown ». Nous aidons son propriétaire à la mettre en place sur le terrain qu'il s'est déniché dans l'hypercentre de la ville : manœuvre, mise en place de l'enseigne, construction de la palissade, etc. Nous terminons souvent nos soirées au Woodys (« notre » bar de saison) à débattre du menu, des prix ou encore de logistique autour d'un verre.

 

Nous sommes évidemment de la partie lorsque Charles décrète qu'il est temps de passer aux choses sérieuses et d'organiser une soirée test. Nous nous entassons alors à cinq dans la petite caravane pour assister à l'enfantement de la toute première galette signée « Charlie Brown ». Le silence est d'or lorsque la pâte à galette étrenne pour la première fois la pierre ardente de la billig neuve ! Dorées, craquantes et goûtues, ces premières galettes sont une réussite et sont englouties en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. On se jurerait de retour dans l'Ouest de la France...

 

L'ouverture officielle de Charlie Brown a lieu quelques jours plus tard et se passe très bien. Les clients sont aussi satisfaits que le maître crêpier ! Après une semaine, Charles, qui travaille quotidiennement douze heures en continu, décide d'embaucher du renfort. D'abord Chloé, une savoyarde rencontrée ici, qui le remplace quelques heures chaque jour, puis Robin qui prend les rennes toute la journée du mercredi (l'un de ses deux jours de congé du Speight's).

Ce dernier est aux anges de pouvoir à nouveau tourner (et manger) des crêpes et galettes. Contrairement à son travail de plonge dans une cuisine close, à la caravane il travaille -presque- dehors, rencontre locaux et touristes et peut papoter à son gré... Il est comme un poisson dans l'eau !

Avec nos deux jobs chacun, nous enchaînons les heures de travail et engrangeons quelques économies pour la suite du voyage. Mais du même coup, nous n'avons plus beaucoup de temps l'un pour l'autre : une petite heure au réveil, quelques minutes l'après midi et une ou deux heures le soir... ça nous change franchement de nos quatre mois de vadrouille en van où l'on vivait chaque minute ensemble !!!

 

Nous avons tout de même un bout de journée à deux chaque semaine puisque le jeudi Robin est en congé et Gaby peut poser sa matinée au Moorings, ne commençant ainsi le travail qu'à 17h. Alors nous profitons de grasses matinées revigorantes, nous nous promenons, réparons et pomponnons Alphonse, testons les différents food trucks et restaurants de la ville, etc.

Après plusieurs jours de neige sur les hauteurs, un jeudi d'août se présente comme une très belle journée ensoleillée : le temps idéal pour une virée ski ! Nous décidons de nous rendre à Treble Cone (la station la plus proche) pour, enfin, découvrir les pistes néo-zélandaises. Mais les choses ne se passent pas comme prévu et Gaby apprend au dernier moment qu'elle doit travailler au Moorings, le projet tombe à l'eau. Nous devons nous y mettre à deux pour inciter Robin à y aller seul malgré tout, ce qu'il finit par faire. Au petit matin il loue son matériel en ville, prend une navette jusqu'à la station et se retrouve en haut, soufflé par la vue qu'il découvre. La station domine Wanaka, le lac et toute la vallée, c'est sublime. Il n'a jamais eu l'occasion de skier face à une si belle vue !

Si le panorama vaut le coup, la station, elle, est petite (seulement deux remontées mécaniques ! C'est pourtant l'un des plus grands domaines skiable de Nouvelle Zélande) et la signalétique est mauvaise : tout le domaine est skiable mais les pistes ne sont que peu, voire pas du tout, indiquées... A chacun de trouver son chemin parmi le relief et les skieurs.

A l'heure de la pause déjeuner, il se fait haranguer par un groupe de français qui lui proposent de manger avec eux. Il met longtemps avant de réaliser qu'il les a rencontré la veille, leur vendant des crêpes après leur journée de glisse ! Ils sympathisent rapidement et décident de skier ensemble pour le reste de l'après-midi. C'est une belle rencontre et une belle journée, Robin rentre éreinté mais ravi... Ne reste plus qu'à reprendre le travail le lendemain !!!

C'est donc en bonne compagnie que ce dernier grimpe dans le minibus qui conduit les casse-cou du jour à quarante minutes au nord de Wanaka, où il s'arrête sur une aire dégagée aménagée sur le bord du lac, face aux sommets enneigés. Munis de leur équipement de location – les skis les plus larges que Robin ait jamais utilisés – ils se regroupent autour de l'hélicoptère, un « Squirrel » petit et maniable, pour un briefing abordant la sécurité autour de l'appareil et l'utilisation des balises anti-avalanches portées par chaque skieur. La vingtaine de chanceux est divisée en quatre groupes, chacun accompagné d'un guide, qui sont emmenés les uns après les autres sur la montagne. Robin, Charles, un Australien, un Anglais ainsi que Phil, leur guide, s'engouffrent les premiers dans l'engin. Après avoir survolé le lac et attaqué l’ascension des reliefs, ils essayent de se poser sur une corniche, qui s'effondre immédiatement ! Toby, un grand professionnel accumulant plus de 8000 heures de vol, loin de se laisser démonter, réussit à se poser quelques mètres plus bas, à côté de l'énorme bloc de glace ayant cédé sous la tonne et quelques de l'hélico. Robin s'attendait à ce que les guides se cantonnent à leur proposer quelques pentes qu'ils connaissent bien et savent sûres, il est donc très surpris en se rendant compte qu'à chaque remontée le guide et le pilote observent le terrain et choisissent ensemble un pic ou un versant qui leur paraît intéressant, s'adaptant à chaque fois aux conditions et à l'humeur du jour. C'est donc souvent d'un air de défi que Phil propose à Toby un lieu d'atterrissage toujours plus inaccessible ou dangereux, souvent à l'extrême rebord d'un précipice impressionnant ! Avant même de commencer à skier, Robin est interloqué par la majesté des montagnes complètement sauvages et par les sensations provoquées par le vol audacieux du pilote.

Une fois chaussés de leur skis paraboliques, le groupe entame donc sa première descente, dans une poudreuse immaculée brillant de mille feux, une expérience très différente du ski sur piste, un vrai plaisir !

Arrivés à la limite de neige, ne pouvant descendre plus bas, le guide appelle Toby par talkie-walkie, et quelques minutes plus tard l'hélicoptère se pose à quelques centimètres des skieurs accroupis, cramponnés à leur matériel, soulevant un nuage de neige fraîche. Quand tout le monde est à bord, la porte à peine refermée, l'appareil s'élance de nouveau à la recherche de la plus belle montagne, qui n'attend qu'eux...

A la mi-journée, tout le monde se retrouve pour partager un repas fourni par la compagnie, sur un sommet offrant une vue panoramique à couper le souffle ! Après une courte pause, c'est reparti pour deux nouvelles descentes, avant de rentrer au bercail en survolant une nouvelle fois le lac.

En revoyant ses photos et vidéos, Robin a du mal à croire qu'il a vraiment fait ça, c'était vraiment une journée mémorable !

La suite dans la prochaine brève !

R&G

C'est envoyé !

Pour ne manquer aucune nouvelle brève, inscrivez vous pour les recevoir par mail :

Vous recevrez maintenant toutes nos brèves !

bottom of page