top of page

    27 février 2016    

HAWKE'S BAY    

Commenter cette brève ?

D'avance nous nous excusons :

cette brève est quelque peu longue, mais c'est qu'il s'en est passé des choses à Hawke's Bay !!!

 

 

Hawke's Bay, sur la côte Est de l'île du Nord, qui n'est pas franchement réputée pour son attrait touristique, l'est en revanche pour ses opportunités de travail lorsque vient l'heure des récoltes de fruits. C'est pourquoi nous pressons le pas pour arriver au plus tôt dans la région. Après avoir traduit et imprimé nos CV, nous passons une journée à postuler dans toutes sortes d'endroits : sur internet, au téléphone, sur place... nous laissons nos CV un peu partout. Nous passons un premier entretien - chaotique - pour un travail aussi ingrat que bien payé que nous déclinons sans hésitation malgré un léger découragement. Par la suite, nous rencontrons Andrew qui nous propose de récolter des pêches pour les trois semaines à venir. Il a l'air sympathique, nous acceptons, emballés.

 

Nous avons trois jours devant nous avant de commencer le travail, nous décidons d'en profiter pour découvrir le parc régional de Te Urewara. Nous roulons tout l'après-midi et arrivons au camping où nous passerons la nuit après plus d'une heure de route sur une « gravel road » longeant le magnifique lac Waikaremoana. Les gravel roads sont des petites routes secondaires à peine carrossables, recouvertes de gravier et généralement en mauvais état, qui sillonnent la NZ dès que l'on quitte les axes principaux.

 

Nous partons en promenade et traversons une forêt « junglèsque » comme on est maintenant -presque- habitués à en voir un peu partout ici. Le sentier grimpe jusqu'à un petit lac paradisiaque et solitaire.

Nous suivons ensuite un sentier un peu plus atypique. Toujours dans une forêt à la Néo-Zélandaise, nous marchons cette fois sur, sous et à côté d'énormes roches qui forment parfois des caves plus ou moins accueillantes. Cette promenade est particulièrement mal indiquée, il y a des flèches et des chemins dans tous les sens et, sans nous en rendre compte, nous revenons constamment sur nos pas. Nous marchons longtemps comme cela, essayant à droite, puis à gauche, attendant que soient enfin indiquées les caves que nous pouvons visiter sans risque. Nous nous amusons beaucoup dans cette sorte de chasse au trésor brouillonne, et finissons par circuler au hasard des chemins, cherchant par nous même les caves que nous nous sentons capables de visiter. Il faut bien dire que nous ne faisons pas les fiers lorsqu'il s'agit de nous enfoncer dans un couloir de roches obscur, avec nos frontales vissées sur la tête. Il y fait froid et humide, les insectes sont peu ragoutants et la peur irrationnelle d'un éboulement à notre passage nous empêche d'avancer trop profondément. Nous ne sommes pas bien téméraires, mais parcourons malgré tout quelques caves riant de notre propre lâcheté et guillerets comme des passereaux lorsque nous observons dans l'une d'entre elle un -seul et unique- ver luisant !!!

 

Passée cette balade distrayante il est encore tôt, nous nous rendons alors à notre freecamp pour voir si l'on ne peut pas faire une troisième promenade de là bas. Nous découvrons un véritable petit coin de paradis qui, en un regard, vient à bout de nos dernières envies de faire quoi que ce soit de plus cet après-midi. Nous posons quelques coussins dehors, ouvrons un cidre (très répandu ici) et profitons de la vue et du calme que nous offre cette petite crique isolée. Nous restons là, couvés par la chaleur du soleil, jusqu'à ce que celui-ci nous abandonne pour laisser place à une nuit fraîche. Pour la première fois depuis que nous arpentons les freecamp, nous trouvons des restes de feu de camp. Ni une ni deux, nous en allumons un à notre tour afin d'y faire cuire quelques légumes. La convivialité du feu pousse les autres backpackers du freecamp à nous rejoindre et nous passons une belle soirée sous les étoiles à discuter avec un Allemand, un Anglais, deux Hollandais puis deux Hongrois... « Aguéshigetdré » !!

Nous reprenons la route vers Havelock North, où nous attend une centaine de tonnes de pêches ! Après quelques explications sommaires, nous nous jetons dans le bain un panier de récolte sur le torse et une échelle sous le bras ! Les débuts sont un peu hésitants « faut-il vraiment que je risque ma vie sur la dernière marche de l'échelle pour aller chercher ces deux petites pêches ?  D'ailleurs est-ce qu'elles sont mûres ces pêches ? Elles m'ont plutôt l'air vertes quand même... à moins que ça ne soit jaune ?» Après quelques jours nous attrapons le rythme et, à nous deux, nous charrions trois tonnes de fruits pour remplir nos six « bin » quotidien. C'est un travail physique mais qui nous plaît bien : il fait beau, les fruits sentent bon, Andrew est un bon patron, seule l'ambiance – inexistante- avec les autres pickers est regrettable. Tous backpackers venus d'Europe, on n'arrive pas à créer de lien. Chacun mange dans sa voiture et repart dès la fin du travail, on échange de petits signes de tête polis, on se surveille les uns les autres dans les rangs pour voir qui vole des pêches au voisin. On est un peu déçus, mais au moins on travaille ensemble et les journées passent vite.

Ce que l'on ne sait pas forcément avec les pêches, quand on se contente de les manger, c'est que ça démange terriblement ! Les poils du fruit viennent s'agglutiner au creux des coudes, dans le cou et autour des yeux. Après une bonne journée de récolte, la douche est absolument indispensable ! On peut se laver à l'évier d'Alphonse, mais la réserve d'eau s'épuise vite et les poils de pêches sont coriaces à déloger. On s'essaie alors au plaisir des douches froides, extérieures -et donc en public- du bord de mer ! Et puis on découvre par miracle qu'ici les piscines proposent presque toutes un tarif spécial pour ceux qui, comme nous, ne viennent que pour se doucher !

Trois semaines fixés au même endroit, pour nous, c'est presque se sédentariser ! On prend vite nos marques et on s'octroie des places attitrées aux freecamps de Clive et d'Haumoana, on repère les piscines et dump station les plus proches, les cinémas, les spots de wifi public, un marché de producteur... Le quotidien aussi se met en place : nous finissons relativement tôt nos journées de travail, ce qui nous laisse pas mal de temps libre que nous occupons à lire, s'affronter à la salopette, parler de nous, de vous, du passé et surtout de l'avenir.

Ceci dit, le rythme de travail est un peu décevant : non seulement nous ne pouvons récolter les pêches sous la pluie car leur propriété urticante se décuple sous l'eau, mais en plus, une fois que les deux vergers ont été récoltés (ce qui nous prend trois à quatre jours), nous devons attendre au moins deux jours que les fruits mûrissent à nouveau, avant la nouvelle récolte. Sur trois semaines mobilisées à Hawke's Bay nous ne travaillerons finalement qu'une dizaine de jours cumulés. Le reste du temps, nous ne pouvons pas quitter la région car nous ne savons jamais à l'avance si nous travaillerons le lendemain, alors nous faisons vite le tour de cette petite campagne agricole.

 

> Nous louons des vélos afin de découvrir la baie autrement et avalons les kilomètres avec plaisir... du moins jusqu'à ce que l'on se retrouve obligé de pédaler comme des forcenés pour rendre nos vélos dans les temps !

 

> Un autre jour nous visitons Otatara Pa qui fut l'un des plus grand camps Maoris du pays. De nombreux panneaux explicatifs indiquent ce qui se trouvait là par le passé, mais aucun vestige d'époque n'a perduré... c'est donc avant tout une jolie promenade dans les collines !

 

> Nous tombons, un peu au hasard, sur le festival Art Déco de Napier. Cette ville -la plus grande d'Hawke's Bay- a été détruite au début des années 30 lors d'un tremblement de terre, puis reconstruite dans le style art déco en vigueur à cette époque. Si, en temps normal, cette architecture singulière ne nous transcende pas franchement, il faut bien reconnaître que pendant le festival la ville s'éveille à la vie et semble, comme par magie retrouver son âme d’antan. Hommes, femmes, enfants et vieillards, tout le monde joue le jeu et se pare de ses plus beaux atours du début du siècle. Des airs de swing et de charlestons retentissent partout dans la ville tandis que des voitures anciennes paradent fièrement à chaque coin de rue. Défilés, concours de costumes, parades aériennes, leçons de charleston, pic-niques urbains, et autres spectacles de rues ponctuent ce festival haut en couleurs.

Lorsque la récolte de pêche se termine, Andrew nous propose une dernière journée de travaux divers (taille des pêchers, palissage de cerisier, installation de draps réfléchissant pour accélérer la maturation des pommes...). Ces divers travaux réunissent tout le monde et brisent -enfin- la glace entre nous. On discute, on s'entraide, on échange sur la situation de nos pays et enfin, on va boire une bière après le travail dans une micro-brasserie locale avec les plus motivés : Lili et Lucas, un couple de Tchèque, et Fawas, un Israélien. Ce dernier nous invite à poursuivre la soirée chez lui. On refait le monde tous ensemble à la lueur des bougies à la citronnelle et on passe une très belle soirée... un peu navrés tout de même de ne pas avoir fait ça plus tôt !

 

Nous fêtons la fin de la récolte en amoureux au sommet du Te Mata Peak , la montagne locale qui offre un point de vue époustouflant sur tout Hawke's Bay. Comme de nombreux curieux, nous observons la lente chute du soleil derrière l'horizon, un verre de vin à la main.

 

Notre dernière journée à Hawke's Bay est consacrée à la découverte du Cape Kidnappers, cette pointe qui forme l'extrémité Sud de la baie. C'est une randonnée originale puisque nous marchons près de vingt kilomètres sur la plage, au pied des hautes falaises du Cape. Nous longeons ces murs de roches où se succèdent couleurs, textures, matériaux et motifs en tout genre ! C'est géologiquement passionnant, et on regrette un peu de ne pas avoir un guide à nos côtés pour nous narrer l'histoire des roches que nous admirons. Nous ne somme qu'une dizaine à faire le trajet à pied sur la journée, tandis que la plage sert d'autoroute à tous types de véhicules : tracteurs pour touristes, pick-up, quads et motos se rendent au Cape pour pique-niquer, se baigner, pêcher, ou enchaîner les burns et autres wheeling... Le contraste avec la grandeur et la majesté des lieux est saisissant.

Lorsque nous atteignons la pointe, nous découvrons avec joie les quatre colonies de « Ganett » (Fous de Bassan) qui y ont élu domicile. On peut approcher de très près les oiseaux peu farouches habitués aux nombreux touristes qui passent ici chaque jour. Ils décollent et atterrissent à quelques mètres de nous sans prêter la moindre attention à notre présence. Ils sont beaux, élancés et élégants. On les observe et on les mitraille longuement. Vu la concentration de Fous au sein de la colonie, on leur pardonne facilement le vacarme et l'âcre odeur qu'ils dégagent. Toutefois ces oiseaux nous paraissent bien patauds et pas franchement à leur place sur terre ! Si les décollages et atterrissages sont souvent délicats – pour ne pas dire un peu ratés-, le simple fait de marcher ne leur rend pas honneur comparé à la dextérité des quelques mouettes qui semblent vivre au sein de la colonie !

Le temps passe très vite au contact des oiseaux et nous quittons la nichée en retard sur l'horaire de la marée. Nous sommes fatigués et affamés mais malgré l'aimable proposition de la dernière voiture à prendre le chemin du retour, nous décidons de rentrer à pied, défiant autant la marée que l'état de nos jambes !

Nous retrouvons Alphonse sans encombre et terminons la soirée autour d'une bière, profitant de la douceur de notre dernière soirée à Hawke's Bay.

On est heureux et fin prêts à repartir sur les routes.

 

R&G.

C'est envoyé !

Pour ne manquer aucune nouvelle brève, inscrivez vous pour les recevoir par mail :

Vous recevrez maintenant toutes nos brèves !

bottom of page