

22 novembre 2016
L'INTERIEUR, SOUTH AUSTRALIA ET NEW SOUTH WALES
Nous quittons l'Etat de Victoria pour rejoindre celui, beaucoup plus vaste, de South Australia. En passant la « frontière », nous reculons nos montres d'une demi-heure et improvisons une pitance réunissant tous nos légumes car il est interdit d'en introduire en SA (South Australia) afin de limiter la progression d'un parasite.
Après quelques heures de route au cœur de terres agricoles, nous rejoignons la Limestone Coast, que nous longeons en direction du Nord afin d'atteindre Adelaide. Globalement ce tronçon n'est pas passionnant à l'exception des pélicans qui peuplent la côte. Nous n'observons ces oiseaux majestueux que de loin car ils sont peu téméraires et s'envolent lourdement dès que nous nous arrêtons à leur niveau pour les mettre en joue de notre appareil photo.


Nous arrivons bientôt à Adelaide et, du même coup, il se met à faire très très chaud... ce qui constraste ironiquement avec les décorations de Noël qui commencent à orner les rues de la ville ! Nous suons à grosses gouttes tandis qu'autour de nous, les locaux sont vêtus de jeans et de gilets, parfois même de pulls ou vestes... pour eux, ça n'est certainement que les prémices d'un été torride.
Nous visitons une magnifique bibliothèque du 19ème siècle et quelques musées dont l'un présente une riche collection sur la culture aborigène. Nous arpentons les échoppes d'un immense marché où l'on se laisse aller à goûter diverses mignardises, on déniche même un étal hongrois proposant des kürtőskalács (gâteau à la broche) !!! Après avoir cherché sans succès un rassemblement répondant au doux nom de « Trump WTF ? », nous nous dirigeons vers Jam Factory. Contrairement à ce que son nom évoque, pas de confitures ici ! C'est une « fabrique », un lieu de création, où se retrouvent moults artisans pour donner vie à tout un tas d'objets d'art ou du quotidien. On assiste, béas, au ballet des souffleurs de verre en plein travail. C'est hypnotisant de les voir affronter la fournaise pour modeler la matière avec autant de précision et de « facilité ».
Bien qu'Adelaide soit une jolie ville avec quelques lieux d'intérêt, elle ne nous laissera toutefois pas un souvenir impérissable. On est contents de fuir les buildings et les centres commerciaux pour reprendre la route en direction des vastes espaces de l'Australie profonde.
Notre itinéraire passe par Clare Valley, une région viticole réputée. Nous faisons un arrêt dégustation dans un chai choisi au hasard mais leur vin s'avérera moins plaisant que l'identité visuelle de leurs bouteilles.

State Library

State Library


State Library
En quittant la vallée viticole, le paysage s'aplanit, la végétation se fait plus pauvre, plus basse, plus sèche. La couleur des plaines se teinte d'un blond torréfié par les longues heures d'exposition aux rayons ardents du soleil. La route est rectiligne et s'étire à perte de vue jusqu'à se confondre dans l'horizon. Nous rentrons, émerveillés, dans le désert semi aride du Sud Est de l'Australie.
Nous avalons les kilomètres de ce paysage immuable, escortés de ganah et de cacatoès. Nous croisons quantité d'émeus et de kangourous paissant en petits groupes dans les steppes. Robin évite habilement les énormes lézards qui se dorent au soleil sur la chaussée. Nous ne savons plus où donner de l'objectif entre l'exotisme des animaux qui nous entourent, la beauté épurée des plaines et la splendeur des ciels à l'ampleur infinie dans la planéité environnante.

C'est parti pour des milliers de km de ligne droite !

On entre dans le désert !

Au camping d'Hawker

C'est parti pour des milliers de km de ligne droite !
Nous faisons étape dans le parc national des Flinders Ranges pour nous dégourdir les jambes sur un joli sentier de randonnée malgré un temps un peu maussade. Bien qu'un joli panorama récompense notre grimpette jusqu'au sommet d'un promontoire de terre ocre, c'est pourtant le chemin du retour que nous retiendrons de cette escapade. En effet, partis tard, nous nous faisons surprendre par le déclin du jour pendant la marche, nous aurons alors l'immense plaisir de nous faire raccompagner par des dizaines de kangourous trottinant paisiblement, rassérénés par le crépuscule naissant. Nous avons le temps de les observer, de comparer les deux races qui ont élu domicile ici et de les photographier (chose promise, chose due) !
Nous quittons le parc national en faisant un arrêt à Parachilna, une petite ville dont la réputation s'est construite autour du restaurant de son hôtel. Celui-ci, de renommée nationale, propose des mets à base de faune locale : nous goûterons aux burgers d'émeu (d'élevage) et de kangourou (sauvage). C'est savoureux, bien que gustativement peu différent de nos viandes classiques.

Un Red Kangaroo, particulièrement musclé !

Normalement, on n'a pas le droit d'emprunter de pistes avec Jacques, mais c'est trop beau !

Burgers locaux

Un Red Kangaroo, particulièrement musclé !
Nous prenons la direction de l'Est pour rejoindre la côte que nous suivrons (de près ou de loin) jusqu'à Cairns. Le temps se volatilise et nous prenons conscience qu'il ne nous reste déjà plus que deux semaines pour rallier le Nord. Nous accélérons donc l'allure et nous passons plus de trois jours à rouler pour atteindre la côte. Robin conduit, Gaby lit ! Nous engrangeons les kilomètres et changeons à nouveau d'état pour rentrer dans le New South Wales.
Cette région désertique n'a pas l'attrait touristique de l'Outback situé au centre du pays ( le désert rouge que nous voulions traverser initialement). Nous roulons au cœur de l'Australie profonde et très reculée, parcourant les immense lignes droites en solitaires dans ses plaines semi-arides où l'on peut voir à l'oeil nu la courbure de la Terre ! De temps à autre nous avons pour compagnons de route d'énormes camions, des kangourous, ou des fétus secs poussés par la brise...
En passant par Silverton, nous nous arrêtons dans un pub pour étancher notre soif. Nous y trouvons de la grosse bière qui tâche, des Australiens du cru, des blagues bien grasses accrochées aux murs sous une collection de casquettes, des cheveaux cheminant entre les tables et des hots dogs qui déboîtent... Un véritable pub du Far West !!!
Cette petite ville est aussi l'occasion d'une bien belle découverte : les « drive in » d'alcool. Vous en rêviez ? Les australiens l'ont fait : plus besoin de sortir de la voiture pour vous ravitailler en pinards et spiritueux en tous genres. Il suffit de rouler dans un tunnel couvert d'étagères de boissons alcolisées, de désigner celles qui vous intéressent et de régler la note pour que l'on vous transmette votre dû par la fenêtre. Bien entraîné, l'opération prend moins d'une minute. C'est beau le progrès !
Afin de dresser un tableau tout à fait complet de ce tronçon de notre périple, il est important de relever une banalité non négligeable : dans le désert, il fait chaud ! Nous roulons quotidiennement sous un soleil de plomb et la vie dans notre petite boîte de métal se révèle vite compliquée, rabaissant un peu le moral des troupes et attisant les tensions.
La chaleur écrasante ne nous lâche pas d'une semelle et l'air nous manque cruellement, d'autant plus qu'il nous faut composer avec les nuées de mouches qui règnent en maîtres sur les steppes. Ces diptères sont tout simplement insupportables et n'hésitent pas à élire domicile dans nos orifices faciaux : yeux, narines, bouche ou oreilles, peu importe tant que c'est bien désagrable ! Elles nous harcèlent à chaque fois que nous ouvrons une fenêtre ou mettons un pied hors du van. … Elle nous mettent quotidiennement hors de nous, et nous frôlons parfois l'aliénation !
L'outrageuse température qui règne ici nous transforme en pompes à eau humaines. A deux, nous buvons près de huit litres par jour, ce qui pose le problème du remplissage ! Dans le désert il n'est pas aisé de trouver de l'or bleu et, à chaque fois que l'on demande si elle est potable à tel ou tel endroit, on nous répond « Hum...it's tap water ! » (heu...c'est de l'eau du robinet quoi !), « It should be ok »(ça devrait le faire) ou encore « There's no potable water in the desert » (il n'y a pas d'eau potable dans le désert), ce qui a le mérite d'être clair !
Finalement, notre source la plus sûre revient souvent à se ravitailler dans les fontaines à eau que l'on dégote parfois dans les parcs communaux. Dédiée à la gargarisation des promeneurs, le mince filet met une éternité à remplir nos bidons. Au bout de quelques heures de route, cette eau toute neuve est bien chaude, ce qui la rend aussi hydratante qu'une boite de petit lu !!!
Notons, par ailleurs, qu'à notre grande surprise les nuits ne sont pas tellement synonyme de fraîcheur, d'autant que les mouches nous poussent souvent à cuisiner à l'intérieur du van, transformant notre petit chez nous en un véritable sauna dont la température ne retombe que quelques heures avant que le soleil ne prenne le relais ! En revanche, lorsque nous osons braver les insectes, les nuits offrent des ciels incroyables où la voûte de suie est piquetée à l'infini de myriades d'étoiles.



Vue sur Broken Hill, ville minière par excellence

Ainsi, les kilomètres succèdent aux kilomètres et notre quotidien de nomades se partage entre émerveillement, transpiration, route, déshydratation et épisodes de folie chronique !!!
Mais bientôt les paysages se valonnent, le vert se fait plus tendre et la bise marine adoucit la rigueur du soleil... Nous approchons de la côte Est !
R&G
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